barbare

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

À l'époque homérique, celui dont le Grec ne comprend pas la langue.

Le barbare est un étranger et cela ne fait pas de lui un être inférieur. Si Homère qualifie la langue des Cariens de « barbarophone », ce n'est pas parce qu'ils parlent une langue barbare, mais parce qu'ils s'expriment mal en grec, dans une prononciation rude et grossière.

Les Grecs, établissant des contacts avec les autres peuples, assimilent ce qu'il y a de meilleur chez eux : ainsi adoptent-ils l'écriture phénicienne et quelques cultes orientaux. Après les guerres médiques (490-478 av. J.-C.), le terme de « barbare » subit une évolution : les Perses sont l'ennemi ; ils sont barbares non seulement parce qu'ils parlent une langue différente, mais parce que leur civilisation, quoique brillante, est étrangère à celle des Grecs, qui est supérieure à toutes les autres. Ainsi, Euripide met dans la bouche d'Hermione (s'adressant à Andromaque) ces propos qui font allusion à Cambyse, roi des Perses : « Telles sont les mœurs des barbares : mêlés confusément en d'incestueuses alliances, le père avec la fille, le fils avec la mère, le frère avec la sœur, ils s'unissent sans choix aux meurtriers de leurs proches ; la loi ne leur impose aucune gêne. Va porter loin de nous ces exemples abominables. Il est contraire aux mœurs et à l'honnêteté qu'un seul homme ait deux femmes sous son empire. »

Car, pour les Grecs, la monogamie est un signe de la supériorité de leur civilisation. Mais sans doute les Thraces sont-ils considérés comme le peuple le plus barbare des barbares, qui se nourrit de chair humaine : l'histoire, racontée par Ovide, de Térée le Thrace et qualifié par lui de barbarus est, à cet égard, édifiante.

Voir aussi : Térée

Les théories philosophiques de Platon et d'Aristote, ne font qu'enfoncer le clou, quant à la supériorité de la culture et de la société grecques.

Barbares et Romains

Dans leur désir d'expansion, les Romains ne peuvent qu'affronter d'autres peuples aux mœurs différentes. Située alors, par les géographes, à une distance égale du nord comme du sud, Rome est le centre du monde, et, des deux pôles, elle reçoit les meilleurs effets qui agissent sur les qualités morales du citoyen. Le barbare, qui vit en deçà de cette zone, est déséquilibré. Il est sauvage, bestial, grossier, violent, cruel, impulsif, menteur, perfide, peu intelligent, impie... Confrontée à la dynamique civilisation romaine, celle des autres peuples, statique, provoque un conflit. Sous Auguste, qui tient à conserver la pureté de la race, à en croire Suétone, il n'est pas permis au peuple romain de revêtir une tenue barbare. Le barbare est synonyme de danger ; il est l'ennemi qu'il convient de vaincre, soumettre et assimiler – et d'autant plus ennemi, et méprisable, au temps (ve-vie siècle) des grandes invasions de peuples germains, que l'intégrité même de la cité est menacée. Le christianisme y voit le fléau envoyé par Dieu, comme châtiment à la dégénérescence de la civilisation romaine.