amphictyonie

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

Ligue religieuse.

Le conseil des amphictyons marque chez les Grecs le désir de s'unir, sur le plan religieux. L'amphictyonie est l'association de communautés grecques qui ont dans leur voisinage un sanctuaire : l'objectif est de rendre à la divinité un culte commun. La légende fait remonter l'établissement des amphictyonies à Amphictyon, fils de Deucalion et frère d'Hellen, ce qui contribue à attribuer une origine dorienne à la confédération.

Il y a plusieurs amphictyonies, répandues dans toute la Grèce ; mais la seule qui ait une véritable importance, est celle de Delphes, parce qu'elle est attachée au temple d'Apollon, divinité nationale des Doriens ; ajoutons que Delphes, « nombril du monde », jouit d'une position privilégiée, à peu près au centre de la Grèce. Non loin, on honore Déméter, et les deux amphictyonies, délienne et pyléenne, finissent par fusionner. Les autres amphictyonies sont celles de Calaurie, île à l'entrée du golfe Saronique, et d'Onchestos, en Béotie, où l'on vénère Poséidon.

Le conseil élu par les peuples amphictyoniques veillent sur le temple, en administrent les richesses, et supervisent les jeux Pythiques. Ces peuples sont les Thessaliens, les Perrhèbes, les Magnètes, les Achéens de Phthiotide, les Dolopes, les Maliens, les Énianes du mont Œta, les Locriens, les Phocidiens, les Béotiens, les Doriens et les Ioniens. Ils se réunissent deux fois par an : au printemps à Delphes et, en automne, au bourg d'Anthéla, près des Thermopyies. Chaque peuple dispose de deux suffrages ; ceux des Doriens sont attribués, l'un aux habitants de la Doride, et l'autre à une des cités doriennes du Péloponnèse ; Athènes et les cités d'Eubée se répartissent les voix des Ioniens.

On conçoit que ces différents peuples, unis dans la religion, nouent des liens plus nombreux entre eux, et que les conflits qui les opposent ne mènent pas à une guerre totale. Ils ont fait le serment « de ne détruire aucune cité amphictyonique ; de ne pas couper, soit en guerre, soit en paix, les eaux qui les arrosent ; de marcher contre le peuple qui viole cet engagement, de renverser ses villes ; d'employer leurs pieds, leurs mains, leurs voix, toute leur puissance, pour punir tout profanateur du trésor d'Apollon, tout complice, tout instigateur du sacrilège ». Lorsque les Phocidiens de Cirrha pillent le temple de Delphes (début du vie siècle), les Athéniens imposent la consultation de l'oracle : la cité impie sera rasée au cours de cette « guerre sacrée ». Même si cette grande assemblée manifeste son pouvoir dans le domaine politique, les amphictyons sont mus avant tout par des préoccupations d'ordre religieux : ils n'agissent pas au nom de la Grèce, mais d'Apollon. Malgré tout, les États les plus puissants contrôlent les amphictyonies en s'attachant les petits États, influant ainsi sur l'orientation politique de la ligue. En 346 av. J.-C., Philippe II de Macédoine parvient à détourner l'amphictyonie au profit de ses visées expansionnistes.

Voir aussi : Delphes