Vertumne

Pomone et Vertumne sous l'apparence d'une vieille femme.
Pomone et Vertumne sous l'apparence d'une vieille femme.

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

Dieu d'origine étrusque (Voltumna) adopté par les Romains qui lui trouvent de nombreuses fonctions.

Le nom de Vertumne vient de vertere qui signifie « changer ». Vertumne préside donc aux changements, aux passages : changement des saisons, maturation du fruit, passage du bouton à la fleur, transaction commerciale... Les premiers fruits et les premières fleurs cueillis lui sont consacrés. Car Vertumne est surtout une divinité champêtre, d'où probablement cette légende, rapportée par Ovide, qui raconte son amour pour Pomone.

Pour la séduire, Vertumne se métamorphose en moissonneur, en émondeur, en pêcheur, en soldat... S'il peut approcher l'élue de son cœur, jamais il ne réussit à se faire aimer d'elle... même lorsqu'une très vieille femme pleine de sagesse fait à Pomone l'éloge du dieu, assurant qu'il sera son premier et son dernier amour et qu'il lui consacrera toute sa vie. Ce beau discours n'a pas le résultat escompté. Alors Vertumne reprend son apparence. Brillant comme le Soleil, il séduit la nymphe.

Il a un temple sur l'Aventin. Les Vertumnalia sont célébrées vers le 20 octobre, au passage de l'été à l'automne.

Vertumne

Pourquoi s'étonner que je réunisse dans un même corps tant de formes diverses ? Je suis Vertumne, et voici mes attributs antiques.

Toscan de pays et d'origine, je me félicite encore d'avoir quitté, au milieu des combats, Volsinium, ma patrie. J'aime ce peuple romain. Je n'ambitionne point un temple magnifique ; je suis content d'apercevoir au moins le Forum. Le Tibre coupait jadis cette enceinte, et longtemps on y entendit le bruit des rames qui sillonnaient les flots : mais quand le fleuve eut fait, en faveur de son peuple, un détour aussi grand, on m'appela Vertumne pour en éterniser la mémoire.

Peut-être mon nom vient-il encore, aussi bien que mes fêtes, de ce que l'année sur son déclin m'offrit toujours les prémices de ses fruits. C'est pour moi que le premier raisin jaunit sur sa grappe rougeâtre, que l'épi gonfle d'un suc laiteux ses barbes fécondes, que la cerise, que la prune d'automne prodigue ses trésors, que la mûre se colore par un beau jour d'été. Quand la greffe a forcé la pomme de mûrir sur la tige du poirier, le cultivateur m'offre la couronne de fruits qui m'était promise.

Mais loin de vous, Romains, ces bruits menteurs qui me nuisent ! le nom de Vertumne a une autre origine. Écoutez : vous en pouvez croire à la parole d'un dieu.

Ma nature se plie également à toutes les formes : choisissez, et je plairai toujours. Sous la pourpre et la soie, je serai fillette au gracieux maintien ; sous la toge, qui me refuserait le nom d'homme ? Une faux à la main, une couronne de foin sur la tête, et l'on jurerait que je viens de faucher dans la plaine. Autrefois j'ai porté les armes et je me souviens qu'on vantait ma tournure ; mais sous le poids d'une corbeille de grains, j'étais un moissonneur. Je suis sobre au barreau ; mais couronnez-moi de fleurs, et vous diriez que les vapeurs du vin ont égaré ma tête. Une mitre phrygienne me donne tous les traits de Bacchus ; une lyre, le maintien d'Apollon. Tantôt chasseur ou Faune, je porte mes rets, ou je tends avec mes gluaux des pièges à la famille ailée ; tantôt je ressemble à l'homme qui conduit un char dans la carrière, ou qui s'élance légèrement d'un coursier sur un autre. Qu'on me donne une ligne, et je prendrai mille poissons ; une simple tunique, mais propre et traînante, et j'ai la démarche d'un marchand ; une houlette ou une corbeille de roses, et l'on me prendrait pour un berger qui parcourt les plaines. Dirai-je encore, ce qui fait ma principale gloire, que je tiens dans mes mains les plus beaux fruits de nos vergers ? Le concombre verdâtre, la courge aux flancs arrondis, le chou que retient un jonc léger, sont mes attributs ordinaires, et jamais une fleur ne s'ouvre dans la prairie sans venir bientôt se faner sur mon front, dont elle relève les grâces. Cette facilité unique à changer de figure, m'a mérité surtout le nom de Vertumne dans la langue de ma patrie.

Et toi, Rome, tu as montré ta reconnaissance pour mes Toscans, qui donnent leur nom aujourd'hui encore à l'un de tes quartiers, lorsque Lucumon t'apporta le secours de ses armes, et brisa l'impétueuse fureur de Tatius. Alors j'ai vu tes ennemis rompus abandonner des traits impuissants, et les Sabins chercher dans une fuite honteuse leur salut. Ô Jupiter, je t'en conjure, que la toge romaine flotte seule à jamais devant mes yeux.

Six lignes de plus, Romains qui m'écoutez, et je vous laisse à vos affaires, et je ne vous retiens plus par mes discours.

« Avant Numa, j'étais un tronc d'érable, dégrossi à la hâte à coups de serpe, dieu pauvre au milieu d'une ville qui m'était chère. Mais toi, Mamurius, dont l'art reproduisit mes traits et leur fait exprimer docilement tant de personnages, que la terre où tu reposes soit légère à tes mains habiles. Ton unique chef-d'œuvre te mérite une gloire immortelle. »

Properce

Pomone et Vertumne sous l'apparence d'une vieille femme.
Pomone et Vertumne sous l'apparence d'une vieille femme.