Vediovis

(Variantes : Veiovis, Vedius)

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

Dieu d'origine étrusque, dont la nature est diversement interprétée par les Romains.

Selon une étymologie citée par Cicéron, son nom est composé du préfixe ve-, à valeur négative, suivi du nom de Jupiter ; ainsi Vediovis, antithèse du maître des dieux, serait un dieu des Enfers, un dieu de la vengeance et de la destruction. Ovide note qu'il s'agit d'un « jeune Jupiter » et fait remarquer qu'il ne tient pas (encore) de foudre, le dieu s'étant doté de cet attribut après l'attaque du ciel par les Géants. Mais Vediovis est aussi identifié avec Apollon Guérisseur et avec Pluton.

Vediovis est honoré à Rome le 7 mars ; son temple est situé entre le Capitole et la roche Tarpéienne ; il se trouve à l'emplacement de l'asile voulu par Romulus qui a déclaré : « Quiconque se réfugie ici, il y sera en sécurité. » Un deuxième sanctuaire est construit, en 194 av. J.-C., sur l'île du Tibre, et l'on y vénère le dieu au 1er janvier. On célèbre également un agonium le 21 mai, festivités liées au monde des morts et à la végétation.

Vediovis est représenté sous les traits d'un jeune dieu, armé d'un arc et de flèches ; mais aussi tenant une flûte et accompagné d'une chèvre – animal chthonien pour les Romains.

Diovis et Vediovis

Dans les anciens écrits qui traitent des rites de l'augurat, on trouve les noms de Diovis (Jupiter Protecteur), et de Vediovis (le mauvais génie). Rome éleva un temple à ce dernier, entre le Capitole et le mont Palatin. Voici, selon moi, les raisons que l'on peut donner sur l'étymologie de ces deux noms : les anciens Latins appelèrent Jupiter le maître du ciel et de la Terre, du mot juvare (aider), auquel ils joignirent le nom de pater (père) ; en sorte que nous trouvons dans le mot Jupiter, malgré la suppression de quelques lettres, ces deux mots Jovispater (celui qui aide). De cette manière on dit aussi, de deux mots joints ensemble, Neptunuspater (père Neptune), Saturnuspater (père Saturne), Januspater (père Janus), et Marspater ou Marspiter (père Mars). De cette manière encore on appela Jupiter Diespater et Dijovis (père du jour), et Lucetius (père de la lumière), pour marquer que ce dieu dispensait la lumière de la même main dont il soutient la vie des hommes [...].

Les anciens peuples du Latium qui avaient coutume de rendre des hommages à certaines divinités pour en obtenir des bienfaits, qui en suppliaient d'autres de ne point leur être funestes, ayant formé, comme je l'ai déjà dit, les mots Jovis et Dijovis du terme juvare (aider), appelèrent aussi Vejovis le dieu qui, privé du pouvoir de faire du bien aux hommes, avait celui de leur nuire. La particule ve, de même que la lettre a, jointes à différents mots, y opèrent des significations différentes et tout à fait opposées ; car il y a des occasions où elles servent à désigner l'augmentation, et dans d'autres elles marquent la diminution. De là l'ambiguïté et l'équivoque qui résultent de la composition des mots précédés de cette particule [...].

La statue du dieu Vejovis, placée dans le temple dont j'ai parlé, tient à la main des flèches qui désignent une divinité malfaisante. Beaucoup de gens ont prétendu que ce dieu était Apollon : on a coutume de lui immoler une chèvre, et l'on voit la figure de cet animal au pied de la statue.

Aulu-Gelle