Sommeil

Sommeil.
Sommeil.

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

Somnus chez les Romains, Hypnos chez les Grecs, frère de la Mort et fils de la Nuit.

Le Sommeil habite aux confins du monde, non loin du peuple cimmérien, à l'intérieur d'une vaste caverne creusée dans la montagne, et devant laquelle poussent des fleurs de pavot. La lumière du jour n'y pénètre pas ; des vapeurs, montant du sol, plongent l'intérieur dans un vague crépuscule. Aucun bruit ne s'élève jamais. Silence. Repos. Mutisme. On ne peut entendre que les eaux du Léthé, dont le bruissement invite au sommeil. Le dieu dort, recouvert d'un drap noir, sur un lit de plumes ; près de lui : les Songes, aussi nombreux que variés.

Sommeil est le dieu préféré des Muses, sans doute parce que le sommeil inspire les poètes.

Pendant la guerre de Troie, Héra, qui a des projets coupables, lui demande d'endormir son divin époux. En échange, la déesse lui offre comme épouse une des jeunes Grâces, Pasithéa.

Dans la Thébaïde, qui offre une description lugubre de la demeure de Somnus, Junon envoie Iris auprès du dieu afin qu'il plonge dans la torpeur les légions de Cadmos. Ainsi endormis, les Thébains seront à la merci des Argiens.

La demeure du Sommeil

Près du pays des Cimmériens, un mont creusé en voûte, recèle un antre profond, du Sommeil nonchalant retraite et palais solitaire. Soit que le soleil se lève à l'orient, soit qu'il arrive au milieu de sa carrière, ou que vers l'Hespérie il abaisse son char, jamais ses rayons ne pénètrent l'obscurité de ces lieux. D'humides brouillards les environnent. Un jour douteux à peine les éclaire. Jamais le chant du coq n'y appelle l'Aurore. Jamais le silence n'y est troublé par la voix des chiens vigilants, par celle de l'oiseau qui, plus fidèle encore, sauva le Capitole. On n'y entend jamais le lion rugissant, l'agneau bêlant, ni l'aquilon sifflant dans le feuillage, ni l'homme et ses clameurs. Le repos muet habite ce désert. Seulement du fond de la caverne obscure, sort un ruisseau, image du Léthé, qui, sur les cailloux roulant une onde paresseuse, par son doux murmure appelle le sommeil. Autour de l'antre croissent diverses plantes et fleurissent d'innombrables pavots. La Nuit exprime leurs sucs assoupissants, et les répand dans l'univers. Rien ne défend l'entrée de ce palais ; aucune garde n'y veille. Une porte tournant sur ses gonds du dieu fatiguerait l'oreille. Au fond s'élève un lit d'ébène fermé d'un rideau noir. Là, plongé dans un épais duvet, le dieu sans cesse repose ses membres languissants. Autour de lui, sous mille formes vaines, sont couchés des Songes, égaux en nombre aux épis des champs, aux feuilles des forêts, aux sables que la mer laisse sur le rivage.

Iris écarte, de ses mains, les Songes fantastiques ; elle entre : les feux dont brille son écharpe de ce palais éclairent les ténèbres. Le dieu ouvre à peine et referme ses yeux appesantis. Plusieurs fois il se soulève sur sa couche et retombe. Plusieurs fois son menton se relève et sur son sein redescend. Enfin il s'arrache à lui-même, et sur un bras languissamment penché, il reconnaît la déesse, et demande quel motif l'amène dans ces lieux : « Sommeil, dit-elle, repos de la Nature ; ô toi, des dieux le plus paisible ; Sommeil, paix de l'âme, doux remède aux peines qu'elle endure ; qui du corps répares la fatigue et lui rends sa vigueur : commande aux Songes, qui du vrai sont l'image fidèle, d'aller à Trachine, sous les traits de Céyx, apprendre à la triste Alcyone le naufrage de son époux. Tel est l'ordre de Junon. » Iris a délivré son message, et s'envole soudain. Elle ne pouvait plus résister à la vapeur assoupissante qui déjà se glissait dans ses sens. Elle remonte au céleste séjour, sur cet arc brillant qui l'avait amenée.

Ovide

Sommeil.
Sommeil.