Sibylle

Apollon et la Sibylle de Cumes.
Apollon et la Sibylle de Cumes.

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

Prophétesse qui, sous l'emprise de la possession, révèle les oracles des dieux.

Le premier à avoir parlé de la Sibylle est Héraclite d'Éphèse au vie siècle av. J.-C. Venue de l'Hélicon, nourrie par les Muses, elle est alors unique, et s'exprime d'une bouche délirante et sans sourire – Platon, dans Phèdre, parle du « délire » de la sibylle. Aristote évoque plusieurs sibylles et Varron en énumère une dizaine. D'après Pausanias, la Sibylle est fille de Zeus et de Lamia elle-même fille de Poséidon. Strabon évoque les sibylles Érythrée et Athénaïs. Pour Diodore de Sicile, Daphné, fille de Tirésias et prophétesse divinement furieuse, est une sibylle. Plutarque fait d'Hérophile une prophétesse originaire d'Érythrée, qu'on appelle Sibylle ensuite.

La plus connue est la sibylle de Cumes, célébrée dans l'Énéide, qui ouvre au héros la porte des Enfers. D'après Tibulle, Énée consulte une sibylle, alors qu'il se trouve encore à Troie ; guidée par Apollon, elle l'instruit sur ses destins, mais aussi sur ceux de Rome.

Ovide justifie la longévité de la sibylle de Cumes : comme Apollon, qui est tombé amoureux d'elle, cherche à s'attirer ses faveurs par quelque marque de sa puissance, il lui accorde de formuler un vœu. Elle lui présente une poignée de poussière, expliquant qu'elle voudrait vivre autant d'années qu'il y a de grains dans sa main ; mais elle néglige de préciser que toutes les années à vivre doivent être des années de jeunesse. Pourtant elle refuse de se donner au dieu. Laissant à jamais derrière elle l'île d'Érythrée, la sibylle gagne Cumes. Ainsi, comme elle rencontre Énée, elle a déjà vécu sept siècles, et trois cents autres années lui restent à vivre dans la vieillesse. Perdant peu à peu ses forces physiques, elle ne subsiste plus que par sa seule voix. Ses anciens concitoyens lui envoient, selon la coutume, une lettre scellée avec de la craie. À la vue de cette poussière venue de son sol natal, la sibylle se désagrège.

À Rome, trois statues ont été élevées à Sibylle, près de la tribune aux harangues.

Voir aussi : Pythie

Apollon et la Sibylle de Cumes.
Apollon et la Sibylle de Cumes.