Sérapis

(Variantes : Sarapis)

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

Divinité syncrétique.

Alors que Vespasien se trouve à Alexandrie, un homme, dont la vue est déficiente, se jette à ses genoux et, au nom de Sérapis, le prie de le guérir de sa cécité en lui humectant, avec sa salive, le pourtour des yeux ; un deuxième individu supplie Vespasien de toucher, de la plante de son pied, sa main estropiée. Réticent dans un premier temps, Vespasien finit par s'exécuter. Miracles : la main recouvre ses fonctions et l'aveugle voit le jour.

Le dieu Sérapis, de Sinope, apparaît en songe au roi égyptien Ptolémée Ier Sôter (365-282 av. J.-C.). Le dieu demande au souverain de rapporter sa statue à Alexandrie. Ignorant alors de quel dieu il s'agit, Ptolémée interroge Manéthon et Timothée. Selon les experts exégètes, Sérapis n'est autre que le taureau Apis devenu, après sa mort, Osiris-Apis.

Cet Apis-là ne doit pas être confondu avec l'Apis égyptien, que les Grecs identifient avec Épaphos, le fils d'Io.

Le culte grandissant de Sérapis se répand rapidement dans tout le bassin méditerranéen. Sérapis est identifié à d'autres dieux. À Pluton (en raison du Cerbère figurant sur les représentations de Sérapis, mais aussi parce qu'il a conservé les aspects chthoniens d'Osiris), à Dionysos, à Hélios, à Asclépios et même à Zeus qui devient Zeus Sérapis, et dont on a pu découvrir un temple dans la colonie grecque d'Empuries en Catalogne. Des temples s'élèvent à Alexandrie dont Sérapis est originaire, mais aussi à Délos, en Campanie et à Memphis. Certains sanctuaires deviennent des lieux de guérison où les malades et les infirmes se pressent.

Variante

Pour Tertullien, Sérapis n'est pas différent d'un certain Joseph, le plus jeune des fils de Jacob, mais aussi le plus honoré. Ceux-ci l'ayant vendu à un marchand qui l'emmène en Égypte, il devient l'esclave du pharaon qui règne alors sur la contrée. Une reine le poursuit de ses désirs, mais il refuse d'y céder ; calomnié par elle, il est aussitôt jeté en prison. Dans son cachot, il atteste l'énergie de son esprit par l'interprétation de quelques songes obscurs. Vers cette époque, le souverain lui-même fait deux rêves terrifiants ; il rassemble tous les sages, qui se révèlent incapables d'en fournir l'explication. Alors il va voir Joseph qui, du fond de sa cellule, lui explique le songe : « Les sept vaches grasses signifient les sept années d'une grande abondance ; les sept vaches maigres qui les suivent annoncent sept années de stérilité. » Il recommande ensuite au roi de mettre à profit la période d'abondance pour contrer les périls de la famine. Le pharaon, qui croit à ses paroles, le met à la tête de l'Égypte, pour veiller à l'administration et aux approvisionnements. Les Égyptiens le surnomment Sérapis, à cause du diadème de cheveux qui couronne sa tête ; ils le représentent avec un chien sous sa main droite, animal qu'ils placent dans les tombeaux pour marquer que leur pays a été obéissant sous sa main. Sérapis épouse Pharia, la fille de Pharaon.

Sérapis

L'origine de ce dieu n'a pas encore été rapportée par nos auteurs. Les prêtres de l'Égypte en parlent ainsi. Lorsque Ptolémée, le premier roi macédonien qui affermit la puissance de l'Égypte, donnait à la ville d'Alexandrie, nouvellement construite, des remparts, des temples et des cérémonies religieuses, il lui apparut pendant son sommeil un jeune homme d'une ravissante beauté et d'une taille plus qu'humaine, qui lui dit d'envoyer ses plus fidèles amis dans le Pont, pour en rapporter sa statue ; que la prospérité de son empire en dépendait, et que l'État qui la recevrait, deviendrait grand et illustre. En même temps, ce jeune homme s'éleva vers le ciel environné de flammes. Ptolémée, frappé du présage et du prodige, expose sa vision nocturne aux pontifes égyptiens, qui ont l'habitude d'expliquer de tels mystères. Comme ils connaissaient peu le Pont et les contrées étrangères, Ptolémée interroge Timothée l'Athénien, de la famille des Eumolpides, qu'il avait fait venir d'Éleusis pour présider aux cérémonies sacrées, et lui demande quel est ce culte, quelle est cette divinité. Timothée s'informe auprès de ceux qui ont voyagé dans le Pont, apprend qu'il y avait là une ville nommée Sinope, tout auprès un temple, depuis longtemps renommé parmi les habitants, et consacré à Jupiter-Pluton. En effet, il se trouvait auprès du dieu une statue de femme, que la plupart nommaient Proserpine. Mais Ptolémée, comme c'est le propre des rois, aussi facile à s'alarmer d'abord qu'à reprendre bientôt sa sécurité, s'occupa plus de ses plaisirs que de religion, négligea peu à peu l'oracle, et porta son esprit vers d'autres pensées ; jusqu'à ce que cette même vision, mais plus terrible et plus pressante, annonça que lui et son royaume allaient périr si ses ordres n'étaient pas exécutés. Aussitôt il envoie des députés avec des présents au roi Scydrothémis, alors souverain de Sinope, et leur prescrit d'aller, avant de s'embarquer, consulter Apollon pythien. La mer les seconda. L'oracle, sans nulle ambiguïté, leur dit « de rapporter la statue de son père, de laisser celle de sa sœur. »

Arrivés à Sinope, ils présentent à Scydrothémis les cadeaux, les prières, les instructions du roi : ce prince, longtemps indécis, tantôt craint le dieu, tantôt redoute les menaces d'un peuple irrité. Souvent les dons et les promesses des ambassadeurs le fléchissent : et trois années s'écoulèrent ainsi, durant lesquelles Ptolémée n'omit ni instances ni supplications. L'importance de l'ambassade, le nombre des vaisseaux, le poids de l'or, étaient sans cesse augmentés. Alors un spectre menaçant s'offre à Scydrothémis, et lui enjoint de ne pas retarder davantage la destination du dieu. Son hésitation est punie par divers désastres, par des maladies et par la colère manifeste du ciel, qui, chaque jour, le fatiguent et l'accablent davantage. Il convoque une assemblée, expose les ordres du dieu, sa vision et celles de Ptolémée : les maux qui fondent de toutes parts. Le peuple s'oppose à la volonté du roi ; jaloux de l'Égypte, et craignant pour soi-même, il entoure le temple. De là le bruit s'accrédita que la statue s'était transportée d'elle-même sur les vaisseaux qui étaient au rivage. Par un autre miracle, en trois jours seulement, cet immense espace de mer fut parcouru, et l'on aborda à Alexandrie. Un temple digne de la grandeur de la ville fut érigé dans le lieu nommé Rhacotis. Là avait existé une chapelle consacrée anciennement à Sérapis et à Isis. Ces faits sur l'origine et le transport du dieu sont les plus accrédités ; mais je n'ignore point que des auteurs prétendent que cette statue fut apportée de Séleucie, ville de Syrie, sous le règne de Ptolémée, troisième du nom ; d'autres que ce même Ptolémée la fit venir de Memphis, ville célèbre jadis et l'honneur de l'antique Égypte. Quant au dieu même, beaucoup conjecturent que c'est Esculape, parce qu'il guérit les maladies du corps ; quelques-uns Osiris, très ancienne divinité de ces nations ; la plupart Jupiter, qui est souverain maître de toutes choses ; et un plus grand nombre croient que c'est Pluton, aux attributs qui se manifestent en lui, ou d'après leurs propres doutes.

Tacite