Rhésos

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

1. Fils du dieu-fleuve Strymon, ou d'Éionée, et d'une Muse (Euterpe ou Calliope ? Terpsichore ? Clio ?).
Rhésos est élevé par les nymphes avant de régner sur la Thrace. Pour se rendre au défi que leur a lancé Thamyris, les Muses ont dû traverser le Strymon ; le dieu-fleuve en a profité pour faire l'amour avec l'une d'elles.
Rhésos s'allie à Priam contre les Achéens lors de la dernière année du siège de Troie. Son arrivée tardive lui vaut quelques sarcasmes de la part d'Hector qui le reçoit, non en allié, mais en visiteur privé de toute reconnaissance.
Sûr de soi, Rhésos répond avec arrogance qu'il vient à temps, après dix années de lutte inefficace : une journée lui suffira pour vaincre ; après quoi il retournera dans sa patrie.
Un oracle a prédit que le sort de la citadelle dépend des chevaux blancs de Rhésos : si les animaux se désaltèrent aux eaux du fleuve Scamandre, s'ils se nourrissent de l'herbe alentour, Ilion demeurera inexpugnable. Mais Athéna prévient les Grecs. Aussi, de nuit, Diomède et Ulysse se rendent-ils dans le camp troyen où Rhésos a planté sa tente. Diomède tue douze gardes ; après quoi Rhésos est égorgé pendant son sommeil, et ses précieux coursiers volés avant qu'ils n'aient brouté les pâturages d'Ilion et ne se soient abreuvés aux eaux du Xanthe. Sur le commandement de l'oracle, ses os sont ensuite transportés de Troade à Amphipolis, l'ancienne patrie de Rhésos.
Voir aussi : Argantoné
2. Dieu fluvial de Bithynie, en Asie Mineure, fils d'Océan et de Téthys.
Rhésos et Hector
Fils d'une mère aux chants harmonieux, d'une des Muses et du grand fleuve de la Thrace, du Strymon, toujours j'ai dit la vérité ; je n'ai pas deux langages. Il y a longtemps, oui longtemps, que tu eusses dû venir partager nos travaux, au lieu de nous laisser, autant que cela dépendait de toi, succomber sous la lance des Argiens. Si tu n'as eu nul souci du salut de tes amis, tu ne diras pas que c'est parce qu'ils ne t'ont point appelé. Par combien de hérauts, d'ambassades, les Phrygiens n'ont-ils pas réclamé ton secours ! Que de présents ne t'avons-nous pas envoyés ! Et toi, homme de notre race, barbare comme nous, tu aurais laissé s'il n'eût tenu qu'à toi, les barbares à la merci des Grecs ! Et pourtant, souviens-t'en, tu étais peu de chose, quand cette main fit de toi le roi de la Thrace ; quand, près du mont Pangée, dans la Pæonie, affrontant ses plus braves guerriers, rompant contre eux ma lance, je mis sous ton joug cette contrée. Mais tu as foulé aux pieds toute reconnaissance ; tu as vu tes amis dans la peine, et n'es venu à leur aide que le dernier. D'autres qui par leur origine ne nous tenaient en rien, étaient ici dès le commencement : les uns, tombés dans les combats, sont ensevelis dans des tombeaux, monuments de leur foi ; les autres, encore sous les armes, montant le char guerrier, supportent avec nous le froid des hivers, la soif brûlante des étés, sans s'égayer, comme toi, à faire courir autour de la table du festin la large coupe. Voilà ce que je te reproche, et en face, afin que tu saches qu'Hector dit librement sa pensée.
Euripide
