Polycharès
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».
Messénien cruellement trompé par un Lacédémonien.
Le Messénien Polycharès, homme distingué par la naissance et par les richesses, s'associe avec Évaephnos de Sparte pour mettre en valeur des troupeaux. Celui-ci, s'étant chargé de la direction des troupeaux et des bergers, est bien vite tenté de s'enrichir aux dépens de son associé. Il vend alors une partie des animaux et des bergers eux-mêmes, à des marchands de passage, qui doivent les conduire dans un pays éloigné. Il raconte ensuite à Polycharès que, probablement, hommes et troupeaux ont été enlevés de force par des voleurs. Cependant, les acheteurs, alors qu'ils font voile vers la Sicile, sont poussés sur les côtes du Péloponnèse par une puissante tempête. Aussitôt, les bergers, vendus contre leur gré, mais qui connaissent bien le pays, en profitent pour s'enfuir. Ils rejoignent Polycharès et lui font le récit de leurs mésaventures. Polycharès les cache, puis il prie Évaephnos de venir. Dans un premier temps, le Spartiate maintient sa version des faits, à savoir que les voleurs ont tué une partie des bergers et enlevé l'autre. Là-dessus, Polycharès demande aux bergers de se montrer. Confondu, Évaephnos recourt alors aux prières et aux soumissions, en appelle à la générosité de son associé et, afin d'obtenir son pardon, il jure de restituer son larcin. Polycharès, respectant l'hospitalité, se laisse fléchir et se contente d'envoyer son fils avec Évaephnos, pour se faire remettre les biens soustraits. Mais Évaephnos, violant sa promesse, porte encore la perfidie, une fois rentré à Sparte, jusqu'à égorger le jeune homme. Outré de douleur en apprenant l'horrible nouvelle, Polycharès délègue une ambassade pour demander justice aux Lacédémoniens. Ces derniers ne jugent pas à propos de la lui rendre ; mais ils envoient à Polycharès le fils d'Évaephnos, chargé d'informer le plaignant qu'il doit se présenter lui-même, pour porter son accusation, devant les rois et les éphores. Polycharès, alors, indigné par tant d'injustice, se venge lui-même en tuant le garçon et en ravageant les environs de Lacédémone.
Variante
Le Messénien Polycharès est un homme très en vue, notamment parce qu'il a remporté une victoire aux Olympiades. Il achète des bœufs mais, comme il ne possède aucune terre susceptible de fournir aux animaux une nourriture suffisante, il les confie au Lacédémonien Évaephnos : ce dernier les fera paître sur ses terres et, en échange, jouira d'une partie des revenus. Mais Évaephnos est homme à mépriser la loyauté, à lui préférer les gains malhonnêtes et il est en outre doté d'une grande ruse. Aussi, un jour, voyant des marchands arriver en Laconie, il leur vend les bœufs et les bouviers de Polycharès, puis il se rend en personne auprès du Messénien pour l'informer de ce qui est arrivé : des pirates ont débarqué et après l'avoir violenté, ils se sont emparés des hommes et des animaux. Au même moment, l'un des bouviers, qui a réussi à s'enfuir, entre dans la maison de Polycharès, devant un Évaephnos parfaitement confondu ensuite par son récit et ses accusations. Ne pouvant nier l'évidence, Évaephnos commence à supplier Polycharès, prières qu'il adresse aussi au fils du Messénien, réclamant à l'un et à l'autre leur pardon. Ce moment d'émotion passé, Évaephnos tente de justifier son égarement, puis il prie le fils de Polycharès de l'accompagner afin qu'il puisse lui remettre tout l'argent de la vente. Tous deux prennent donc le chemin de la Laconie. Arrivé là, Évaephnos ose commettre une action plus impie que la précédente : il tue le fils de Polycharès. En apprenant ce malheur, le Messénien se rend à Sparte, auprès des rois et des éphores, pleurant la mort de son fils, et énumérant les forfaits d'Évaephnos dont il a été victime. Mais comme il n'obtient pas réparation, malgré ses nombreuses démarches auprès des magistrats, Polycharès finit par perdre la raison et, se laissant aller à la violence – puisque, à présent, sa vie même ne lui importe plus –, il se met à tuer tous les Spartiates qu'il réussit à attraper.
Cette histoire est parfois présentée comme étant à l'origine des guerres de Messénie.