Phalanthos

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

1. Chef de la conjuration des parthéniens à Lacédémone.

Lors de la guerre de Messénie, les Lacédémoniens qui ne participent pas à l'expédition sont déclarés esclaves et prennent le nom d'hilotes. On appelle parthénies (ou parthéniens) tous les enfants nés pendant que se déroule cette guerre et on les prive du droit de citoyenneté : mais comme ils sont nombreux, ils refusent de se soumettre et fomentent un complot contre les citoyens qui forment l'assemblée. Ces derniers, cependant, ayant eu vent de la conspiration, dépêchent quelques-uns des leurs qui, sous des apparences amicales, doivent en réalité s'informer auprès des conjurés sur la manière dont ils passeront à l'acte. Parmi eux se trouve Phalanthos, considéré comme le chef, et que les espions n'apprécient guère. Il a été convenu de déclencher l'attaque aux fêtes des Hyacinthies dans l'Amycléon, pendant la célébration des jeux, dès que Phalanthos se sera coiffé de son bonnet de cuir : on reconnaît en effet les citoyens libres à leurs cheveux apparents. Ce qui a été ainsi convenu entre Phalanthos et ses complices ayant été secrètement rapporté, un héraut, pendant que les jeux se déroulent, s'approche de Phalanthos et lui ordonne de ne pas mettre son bonnet sur la tête. Comprenant alors que la conjuration a échoué, les conjurés s'enfuient, craignant les représailles. On invite cependant les conjurés à reprendre courage, tout en les plaçant sous bonne garde. Phalanthos est envoyé à Delphes pour s'informer auprès du dieu s'il est possible de fonder une colonie. Le dieu répond : « Je t'ai accordé Satyrion afin que tu puisses habiter la riche cité de Tarente et devenir la ruine des Iapyges. » Les parthéniens rejoignent donc Phalanthos à Tarente ; ils y sont accueillis par les barbares et les Crétois qui ont déjà pris possession des lieux. Ces Crétois ont accompagné Minos en Sicile ; après sa mort survenue à Camicos, auprès du roi Cocalos, ils ont quitté l'île. Sur la route du retour, ils ont été jetés sur cette côte. Enfin, d'autres, ont fait à pied le tour de la côte adriatique, jusqu'en Macédoine, et se font appeler Bottiéens.

On dit que tous ceux qui habitent cette région jusqu'à la Daunie s'appellent Iapyges, de Iapyx, le fils de Dédale et d'une Crétoise, et qu'il a été le chef des Crétois. La ville est appelée Tarente du nom d'un héros, Taras, fils de Poséidon et de Satyra fille de Minos.

Variantes

I. Les Laconiens, vaincus par les Athéniens, ont peur de voir s'éteindre leur race. Aussi commandent-ils à leurs femmes de faire l'amour avec n'importe qui. Mais les jeunes gens, honteux d'ignorer l'identité de leur père, quittent la région. C'est sous la conduite de Phalanthos, descendant d'Héraclès, que ces parthéniens s'embarquent sur un navire à destination de l'Italie. Après en avoir chassé les habitants, ils s'installent à Tarente qu'ils agrandissent. Longtemps après, banni par la sédition qu'il a fondée, Phalanthos se retire à Brindes, où se sont réfugiés les Tarentins que lui-même a combattus. Sur le point de mourir, Phalanthos les persuade de brûler son cadavre et de répandre les cendres sur la place publique de Tarente : « C'est là, ajoute-t-il, la prédiction de l'oracle de Delphes, si vous voulez retrouver votre patrie. » Les Tarentins, persuadés que Phalanthos, irrité contre son peuple ingrat, leur révèle le secret de leurs destinées, s'empressent de suivre ses conseils. Or l'oracle a un sens tout contraire ; et les Tarentins, en pensant ravir aux parthéniens la possession de la cité, la leur assurent à jamais. Ainsi, devant la générosité de celui qu'ils ont eux-mêmes exilé, les parthéniens décernent à Phalanthos des honneurs divins.

II. Avant de s'en aller fonder la colonie, Phalanthos consulte l'oracle de Delphes : le dieu lui répond qu'il se rendra maître d'un territoire et d'une ville, lorsqu'il sentira la pluie sous un ciel sans nuages (aethra). Ne s'attardant pas sur cette réponse, et n'en informant pas non plus ses conseillers, Phalanthos met à la voile vers l'Italie. Quoique remportant de nombreuses victoires sur les barbares, Phalanthos ne parvient pas à s'emparer de leurs terres. Il pense alors que l'oracle a prédit quelque chose d'impossible : jamais une goutte d'eau ne tombera d'un ciel serein ! Le voyant désespéré, sa femme, qui l'a accompagné, se met à pleurer, alors que la tête de son mari est appuyée contre elle. Phalanthos comprend soudain l'oracle : le nom de sa femme est Aethra. Bientôt il chasse les barbares de Tarente et fonde sa colonie.

2. Héros phénicien.

Attaqué par le Dorien Iphiclos, Phalanthos, chef des Phéniciens dans l'île de Rhodes, se réfugie dans une forteresse, où il oppose une vive résistance. L'oracle lui apprend que l'ennemi se rendra maître de la place lorsqu'on verra voler des corbeaux blancs et nager des poissons dans les coupes. Imaginant ces prédictions irréalisables, Phalanthos, rassuré, relâche alors sa vigilance, tandis que, dans le même temps, Iphiclos est informé de l'oracle. Il capture Larca, un des serviteurs de Phalanthos, au moment où il va puiser de l'eau à la source voisine. Iphiclos ne lui promet la vie sauve et la liberté qu'à la condition qu'il s'engage lui-même à verser dans la coupe de son maître l'eau qu'il lui rapportera, et où Iphiclos a jeté quantité de petits poissons. Ayant donné sa parole, Larca exécute fidèlement la consigne. Quant à l'autre difficulté de l'oracle, Iphiclos la résout en envoyant à Phalanthos des corbeaux enduits de chaux. Voyant l'oracle accompli, Phalanthos perd tout espoir de se défendre, et abandonne Rhodes : l'île n'appartient plus aux Phéniciens, mais aux Grecs.

Variante

C'est Dorcia, la propre fille de Phalanthos, qui, par amour pour Iphiclos dont elle a obtenu la promesse d'un mariage, corrompt Larca, et inspire la ruse des corbeaux à Iphiclos.