Patrocle

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

Ami et amant d'Achille.
Jeune encore, Patrocle tue involontairement, en jouant aux osselets, l'un de ses compagnons, Clitonymos, ou Aianès, le fils d'Amphidamas. Son père, le roi de Locride Ménœtios, et sa mère Sthénélé, ou Périopis ou Polymèle, l'envoient alors à Phthie, pour purification, auprès de Pélée, le roi des Myrmidons. Patrocle et le prince Achille grandissent ensemble et deviennent des amis inséparables. Patrocle devra être le mentor d'Achille, ainsi que le lui recommande Ménœtios : « Achille, lui dit-il, t'est supérieur par la naissance, mais tu es plus âgé que lui. Ses forces sont plus grandes que les tiennes, mais parle-lui avec sagesse, avertis-le, guide-le et il obéira aux excellents conseils. »
Inséparables (ils sont amants), ils le sont également pendant la guerre de Troie. Lorsque Achille, après sa brouille avec Agamemnon, refuse de combattre, Patrocle fait de même. Pourtant, au moment où la situation devient critique pour les Grecs, Patrocle demande à son ami la permission de conduire les Myrmidons au combat. Patrocle se couvre alors du bronze splendide. Il attache de belles cnémides à ses jambes avec des agrafes d'argent ; il met sur sa poitrine la cuirasse étincelante, aux mille reflets, du rapide Achille et il suspend à ses épaules l'épée d'airain aux clous d'argent. Puis, il prend le grand et solide bouclier et il pose sur sa tête le casque magnifique à la terrible aigrette de crins et de ses mains il saisit de fortes piques ; mais il laisse la lance lourde, immense et solide, de l'irréprochable Éacide, la lance péliade que Chiron a apportée à son père bien-aimé des cimes du Pélion, afin d'être la mort des héros.
Ainsi revêtu de l'armure d'Achille, Patrocle réussit à enrayer l'assaut des Troyens, mais il est tué (« achevé » est plus exact) par Hector. C'est sa mort qui décide Achille à reprendre la lutte. Il lui rend de grands honneurs funèbres, lui promet qu'il livrera le cadavre d'Hector aux chiens.
Inséparables, ils le sont aussi après la mort : l'ombre de Patrocle apparaît à Achille, lui demandant de faire placer ses cendres avec les siennes. On dit aussi que leurs ossements sont mêlés et que tous deux sont ensevelis dans l'île de Leuké.
Voir aussi : Achille
La mort de Patrocle
Et Patrocle, méditant la perte des Troyens, se rua en avant. Il se rua trois fois, tel que le rapide Arès, poussant des cris horribles, et il tua neuf guerriers. Mais quand il s'élança une quatrième fois, semblable à un dieu, alors, Patrocle, la fin de ta vie approcha ! Phoibos à travers la mêlée, vint à lui, terrible. Et le Ménoitiade ne vit point le dieu qui s'était enveloppé d'une épaisse nuée. Et Phoibos se tint derrière lui et le frappa de la main dans le dos, entre les larges épaules, et ses yeux furent troublés par le vertige. Et Phoibos Apollon lui arracha de la tête son casque, qui roula sous les pieds des chevaux en retentissant, et dont l'aigrette fut souillée de sang et de poussière. Et il n'était point arrivé à ce casque d'être souillé de poussière quand il protégeait le beau front du divin Achille ; mais Zeus voulait donner ce casque au Priamide Hector, afin qu'il le portât, car sa mort était proche.
Et la longue et lourde lance de Patrocle se brisa dans sa main, et le roi Apollon, fils de Zeus, détacha sa cuirasse. Son esprit fut saisi de stupeur, et ses membres furent inertes, et il s'arrêta stupéfait.
Alors le Dardanien Panthoide Euphorbe, excellent cavalier, et habile, entre les meilleurs, à lancer la pique, et qui avait déjà précipité vingt guerriers de leurs chars, s'approcha du Ménoitiade par derrière et le blessa d'un coup de lance aiguë. Et ce fut le premier qui te blessa, dompteur de chevaux Patrocle ! Mais il ne t'abattit point, et, retirant sa lance, il recula aussitôt dans la foule, redoutant Patrocle désarmé. Et celui-ci, frappé par un dieu et par la lance d'un homme, recula aussi dans la foule de ses compagnons, pour éviter la mort.
Et dès qu'Hector eut vu le magnanime Patrocle se retirer, blessé par l'airain aigu, il se jeta sur lui et le frappa dans le côté d'un coup de lance qui le traversa. Et le Ménoitiade tomba avec bruit, et la douleur saisit le peuple des Achéens. De même un lion dompte dans le combat un robuste sanglier, car ils combattaient ardemment sur le faîte des montagnes, pour un peu d'eau qu'ils voulaient boire tous deux ; mais le lion dompte avec violence le sanglier haletant. Ainsi le Priamide Hector arracha l'âme du brave fils de Ménoitios, et, plein d'orgueil, il l'insulta par ces paroles ailées :
— Patrocle, tu espérais sans doute renverser notre Ville et emmener, captives sur tes nefs, nos femmes, dans ta chère terre natale ? Ô insensé ! c'est pour les protéger que les rapides chevaux d'Hector l'ont mené au combat, car je l'emporte par ma lance sur tous les Troyens belliqueux, et j'éloigne leur dernier jour. Mais toi, les oiseaux carnassiers te mangeront. Ah ! malheureux ! le brave Achille ne t'a point sauvé, lui qui, t'envoyant combattre, tandis qu'il restait, te disait sans doute : « Ne reviens point, dompteur de chevaux Patrocle, dans les nefs creuses, avant d'avoir arraché de sa poitrine la cuirasse sanglante du tueur d'hommes Hector. » Il t'a parlé ainsi sans doute, et il t'a persuadé dans ta démence !
Et le cavalier Patrocle, respirant à peine, lui répondit :
— Hector, maintenant tu te glorifies, car le Cronide et Apollon t'ont donné la victoire. Ils m'ont aisément dompté, en m'enlevant mes armes des épaules ; mais, si vingt guerriers tels que toi m'avaient attaqué, ils seraient tous morts par ma lance. C'est la Moire violente et le fils de Léto, et, parmi les hommes, Euphorbe, qui me tuent ; mais toi, tu n'es venu que le dernier. Je te le dis, garde mes paroles dans ton esprit : Tu ne vivras point longtemps, et ta mort est proche. La Moire violente va te dompter par les mains de l'irréprochable Éacide Achille.
Il parla ainsi et mourut, et son âme abandonna son corps et descendit chez Hadès, en pleurant sa destinée, sa force et sa jeunesse.
Et l'illustre Hector répondit au cadavre du Ménoitiade :
— Patrocle, pourquoi m'annoncer la mort ? Qui sait si Achille, le fils de Thétis aux beaux cheveux, ne rendra point l'esprit sous ma lance ?
Ayant ainsi parlé, il lui mit le pied sur le corps, et, le repoussant, arracha de la plaie sa lance d'airain. Et aussitôt il courut sur Automédon, le divin compagnon du rapide Éacide, voulant l'abattre ; mais les chevaux immortels, présents splendides que les dieux avaient faits à Pélée, enlevèrent Automédon.
Homère
