Périandre
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».
Tyran de Corinthe.
Périandre (627-585 av. J.-C.) succède à son père Cypsélos, dont il suit la politique coloniale : il fonde Potidée, Apollonie et Épidamne ; il assujettit Épidaure et Corcyre. Dans sa cité, il favorise l'artisanat, notamment en interdisant l'importation d'esclaves, afin de limiter la concurrence à bon marché, mais il s'attire l'hostilité des paysans à la tête desquels s'est placé son propre fils Lycophron ; celui-ci reproche à son père d'être à l'origine de la mort de sa mère, Mélissa. Sous le règne de Périandre, Corinthe se pare de splendides monuments ; le tyran projette également de supprimer l'isthme. Malgré sa réputation de cruauté, Périandre est reçu parmi les Sept Sages de Grèce, sans doute pour avoir protégé les arts et les artistes eux-mêmes.
La légende
Initialement, Périandre de Corinthe est homme raisonnable et doux ; il devient, dit-on, ensuite un tyran sanguinaire, et pour cette raison-ci : sa mère, alors qu'il est encore un tout jeune garçon, est prise d'une grande passion pour lui et, pendant un certain temps, elle assouvit son désir en gardant l'enfant dans ses bras. Mais avec le temps, sa passion ne cesse de croître et elle n'est plus en mesure de réfréner son tourment ; aussi lui tient-elle ce discours : une femme, parmi les plus belles, est tombée amoureuse de lui ; il ne faut pas, insiste-t-elle, que cette malheureuse souffre plus longtemps. Au début, Périandre répond qu'il ne corrompra pas une femme liée par des lois et des usages ; mais, comme sa mère s'obstine, il finit par céder. Et quand vient la nuit en question, la mère avertit son fils qu'il ne doit pas mettre de lumière dans la chambre ni obliger la femme à parler : il faut en effet protéger la réputation de cette femme. Périandre promet de suivre à la lettre les instructions de sa mère. Cette dernière, après s'être préparée avec beaucoup de soin, entre dans la chambre de son fils et, avant l'aube, elle ressort en cachette. Le jour suivant, elle s'informe si la chose lui a plu et s'il veut que la femme vienne de nouveau le retrouver ; Périandre répond qu'il l'espère et que la chose lui a plu au-delà de ses attentes. À partir de ce moment, sa mère ne cesse plus d'avoir des relations avec son fils. Périandre éprouve également une réelle passion, mais, en même temps, il désire savoir qui est cette femme. Et pendant un certain temps il prie sa mère de demander à l'inconnue qu'elle consente à lui parler : à présent qu'elle l'a rendu amoureux, pourquoi ne révèle-t-elle pas son identité ? Comment ne lui est-il pas permis de voir celle avec qui depuis tant de temps il fait l'amour ? C'est absurde ! Mais comme sa mère refuse, prenant pour prétexte la pudeur de la femme, il ordonne à l'un de ses domestiques de cacher une lampe dans la chambre. Quand l'inconnue vient, selon son habitude, et tandis qu'elle se couche, Périandre bondit et soulève la lampe. Lorsqu'il voit sa mère, il se rue sur elle pour la tuer. Mais, retenu par une apparition divine, il oublie ses intentions. Pourtant, depuis cette nuit, Périandre est devenu fou ; il sombre dans une sorte de sauvagerie et tue nombre de ses concitoyens. Sa mère, quant à elle, pleurant sur son propre sort, se donne la mort. »
