Niobé

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

1. Mère dont les enfants sont tués par Artémis et Apollon.

Fille du roi de Lydie Tantale et de la Pléiade Dioné, ou d'Euryanassa, fille de Pactole, Niobé épouse le roi de Thèbes, Amphion. Ils ont de beaux et forts enfants dont le nombre varie avec les versions : Homère le fixe à douze (six filles et six garçons) ; Hérodoros à cinq (deux garçons et trois filles) ; Hérodote à quatre ; Sappho à dix-huit ; Euripide, Apollodore, Hygin et Sénèque à quatorze, Alcman à dix ; Pindare et Minermne et Hésiode à vingt (dix garçons, dix filles), d'autres encore à douze.

Voici le noms des uns et des autres, d'après Apollodore : Sipylos, Eupinytos, Isménos, Damasichthon, Agénor, Phaédimos, Tantalos ; Éthodaia (ou Néère), Cléodoxa, Astyoché, Phthia, Pélopia, Astycratia, Ogygia.

Une si belle descendance lui monte à la tête au point qu'elle ose revendiquer les honneurs divins, arguant du fait que Léto n'a eu que deux enfants, Apollon et Artémis. Un jour que le peuple de Lydie s'en va, sur les instances de Mantô, offrir de pieuses prières à la déesse, Niobé arrête le cortège et ne cache ni sa colère si son indignation à la foule ainsi assemblée : pourquoi honorer Léto, alors qu'elle-même ne reçoit aucun culte ? Elle se glorifie de son ascendance (divine), rabaissant celle de Léto qui n'est après tout que l'enfant d'un Titan. Mais surtout elle insiste sur le fait que Léto n'a accouché que deux fois, tandis qu'elle... Voilà qui n'est pas du goût de la fille de Coéos, laquelle somme son garçon de venger l'honneur de la famille. Un jour que les fils de Niobé s'adonnent à une partie de chasse, Apollon les transperce de ses flèches l'un après l'autre. Leur mère ne s'émeut pas pour autant et continue d'affirmer haut et fort qu'il lui reste assez de filles pour qu'on reconnaisse sa supériorité sur Léto. Cette fois, c'est à Artémis la Sagittaire qu'incombe la vengeance : comme l'a fait son jumeau, elle perce de flèches le corps des malheureuses jeunes filles au moment où elles pleurent sur les cadavres de leurs frères. Afin que la leçon soit plus dure encore, les dieux défendent qu'on leur accorde une sépulture avant que dix jours ne soient écoulés, Zeus ayant changé les gens en pierre. Niobé pleure neuf jours durant ; elle erre ensuite sur les pentes du mont Sipyle. Zeus, ému par tant de douleur, la métamorphose en rocher (stérilité). Le dixième jour, apaisés, les dieux se chargent de donner une sépulture aux Niobides. On raconte que Niobé continue à verser des larmes lorsque la neige, qui recouvre la roche en hiver, commence à fondre à l'approche du printemps.

Désirant que son sort ne soit pas complètement inutile, Niobé met en garde les Indiens en les exhortant à ne pas combattre Dionysos, frère d'Apollon, sous peine d'être, comme elle, changés en rochers pleurants. Mais ces prières, jaillies de la pierre, se perdent dans le vide.

Variantes

I. Si, chez Ovide, aucun enfant n'échappe au massacre, d'autres traditions épargnent Chloris, l'épouse de Nélée et la mère de Nestor et d'Amyclas.

II. Niobé n'est pas la fille de Tantale, mais d'Assaon, et la femme de Philottos. Elle prétend que ses enfants sont plus beaux que ceux de Léto : Philottos est alors mis en pièces au cours d'une partie de chasse ; Assaon, pris d'une brûlante passion pour sa fille, la désire pour femme. Mais comme Niobé se refuse à lui, il invite ses petits-enfants à un banquet au cours duquel il les fait périr par le feu. À la suite de cette tragédie, Niobé se précipite du haut d'un rocher, tandis qu'Assaon, prenant conscience de ses crimes, se suicide.

III. Les quatorze enfants de Niobé sont tués par le seul Apollon.

IV. On dit que Niobé, une femme de chair et d'os, a été changée en pierre à côté de la tombe de ses enfants ; mais quiconque croit qu'un être humain peut devenir pierre, ou qu'une pierre peut devenir être humain, est un sot. Après la mort des enfants, quelqu'un a sculpté la statue de leur mère et l'a placée près du tombeau. Le passant dit ainsi : « Niobé, tout en pierre, se tient près de leur tombe, je l'ai vue de mes propres yeux », comme on dirait : « J'étais assis près de l'Héraclès de bronze », ou bien encore : « Je me trouvais à côté de l'Hermès en marbre de Paros. »

2. Première mortelle aimée par Zeus.

Fille de Phoronée, Niobé a deux enfants de Zeus, Argos et Pélasgos.

Voir aussi : Argos (Variante 3)

De son union avec Hécatée naissent cinq filles, origine des nymphes Oréades, des satyres et des Curètes.

Niobé

Fille de Tantale, Niobé, entends ma voix messagère d'infortune, reçois le poignant récit de tes malheurs ; délie le bandeau de ta chevelure, ô malheureuse, qui n'as mis au monde toute une race de fils que pour les funestes dards de Phœbus ! Tu n'as plus de fils ! – Mais quoi ! autre chose encore ! Que vois-je ? Hélas ! hélas ! le meurtre déborde, et s'étend jusqu'aux vierges. L'une tombe sur les genoux de sa mère, l'autre dans ses bras, l'autre à terre, l'autre sur son sein ; une autre, effarée, reçoit le trait au visage ; une autre se blottit sous les flèches ; l'autre, d'un œil qui survit, regarde encore la lumière. Et cette mère, qui a trop chéri autrefois sa langue orgueilleuse, hébétée maintenant, figée dans sa chair, la voici pétrifiée.

Méléagre