Nausicaa

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

Fille du roi des Phéaciens, Alcinoos, et de la reine Arété.
Nausicaa est une jolie jeune fille, digne, audacieuse, à l'intelligence fine et malicieuse. À la suite d'un rêve suggéré par Athéna, elle se rend au fleuve, en compagnie de ses servantes, pour y laver du linge.
C'est là que, caché parmi les broussailles, Ulysse, à la suite d'un naufrage, a passé la nuit, après s'être totalement dévêtu. Lorsqu'il se redresse, masquant sa virilité à l'aide d'un rameau, les femmes de Nausicaa s'enfuient, tant l'aspect de l'inconnu est repoussant. Seule demeure Nausicaa. Fière de son rang de princesse, la belle et hardie jeune fille propose à Ulysse d'être son guide. Elle rappelle ses servantes puis, après s'être moquée de leur crainte immotivée, elle les invite à offrir des vêtements au naufragé. Elle conduit ensuite Ulysse auprès de son père, Alcinoos, qui se montre très généreux ; il lui fait don d'un navire pour qu'il puisse rejoindre sa patrie, Ithaque. N'ayant pu épouser Ulysse, déjà marié, dont elle est tombée amoureuse, Nausicaa, selon une légende tardive, épouse Télémaque ; ils auraient eu un fils, Perseptolis ; mais ce dernier est également considéré comme l'enfant de Télémaque et de Polycaste, la fille de Nestor.
Un matin de Nausicaa
Mais l'Aurore montant sur son trône, éveillait la vierge en ses beaux voiles : étonnée de son rêve, Nausicaa s'en fut, à travers le manoir, le dire à ses parents.
Elle trouva son père et sa mère au logis. Au rebord du foyer, sa mère était assise avec les chambrières, tournant sa quenouillée teinte en pourpre de mer.
Son père allait sortir quand elle le croisa ; il allait retrouver les autres rois de marque : les nobles Phéaciens l'appelaient au conseil.
Debout à ses côtés, Nausicaa lui dit :
nausicaa. Mon cher papa, ne veux-tu pas me faire armer la voiture à roues hautes ? Je voudrais emporter notre linge là-bas, pour le laver au fleuve : j'en ai tant de sali !... Toi d'abord, tu ne veux, pour aller au conseil avec les autres rois, que vêtements sans tache, et, près de toi, cinq fils vivent en ce manoir, deux qui sont mariés, et trois encore garçons, mais de belle venue ! sans linge frais lavé, jamais ils ne voudraient s'en aller à la danse. C'est moi qui dois avoir le soin de tout cela.
Elle ne parlait pas des fêtes de ses noces. Le seul mot l'aurait fait rougir devant son père.
Mais, ayant deviné, le roi dit en réponse :
alkinoos. Ce n'est pas moi qui veux te refuser, ma fille, ni les mules, ni rien. Pars ! nos gens vont t'armer la voiture à roues hautes et mettre les ridelles.
À ces mots, il donna les ordres à ses gens, qui, sitôt, s'empressèrent ; on tira, on garnit la voiture légère ; les mules amenées, on les mit sous le joug et tandis que la vierge, apportant du cellier le linge aux clairs reflets, le déposait dans la voiture aux bois polis, sa mère, en un panier, ayant chargé les vivres, ajoutait d'autres mets et toutes les douceurs, puis remplissait de vin une outre en peau de chèvre.
Alors Nausicaa monta sur la voiture. Sa mère lui tendit, dans la fiole d'or, une huile bien fluide pour se frotter après le bain, elle et ses femmes. La vierge prit le fouet et les rênes luisantes. Un coup pour démarrer, et mules, s'ébrouant, de s'allonger à plein effort et d'emporter le linge et la princesse ; à pied, sans la quitter, ses femmes la suivaient.
On atteignit le fleuve aux belles eaux courantes. Les lavoirs étaient là, pleins en toute saison. Une eau claire sortait à flots de sous les roches, de quoi pouvoir blanchir le linge le plus noir. Les mules dételées, on les tira du char et, les lâchant au long des cascades du fleuve, on les mit paître l'herbe à la douceur de miel. Les femmes avaient pris le linge sur le char et, le portant à bras dans les trous de l'eau sombre, rivalisaient à qui mieux mieux pour le fouler. On lava, on rinça tout ce linge sali ; on l'étendit en ligne aux endroits de la grève où le flot quelquefois venait battre le bord et lavait le gravier. On prit le bain et l'on se frotta d'huile fine, puis, tandis que le linge au clair soleil séchait, on se mit au repas sur les berges du fleuve ; une fois régalées, servantes et maîtresse dénouèrent leurs voiles pour jouer au ballon.
Homère

