Mithra

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

Divinité d'origine iranienne.
Entre le ier et le iiie siècle apr. J.-C., le culte de Mithra s'impose dans l'Empire romain, à une époque où la vieille religion est déjà bien secouée par ses concurrentes étrangères. Mithra est un dieu bon, « ami », ennemi du mal, qui veille sur les justes, et que l'on invoque lors des serments. Des mithraea ont été mis au jour à Rome, non loin du Colisée et sur l'Aventin. À en juger par leurs dimensions, les rites devaient être modestes. Les initiés, tatoués sur la main et le front, gravissent six échelons, avant de pouvoir se faire appeler « lions » et d'avoir l'honneur de porter l'encens devant le dieu représenté en train de tuer un taureau. Les repas pris en commun sont l'occasion, pour les adeptes, d'expier leurs fautes et de se purifier. À la fin du ive siècle, Théodose interdit les tauroboles.
La légende de Mithra
Une nuit, Mithra sort d'un rocher, près d'un fleuve. Quelques bergers, qui font paître leurs troupeaux non loin et qui bivouaquent, réveillés par le bruit, assistent à cette extraordinaire apparition sur la terre : l'enfant s'extrait de la roche et bientôt il se tient devant eux, coiffé d'un bonnet phrygien, armé d'un couteau et muni qu'une torche qui illumine les ténèbres alentour. Les bergers lui offrent leurs jeunes bêtes et les prémices de leurs récoltes. Le vent se met alors à souffler et le garçon, qui est nu, se réfugie sous un figuier. Pour calmer sa faim, il cueille quelques fruits et, des feuilles, il se confectionne un vêtement. Puis Mithra s'en va, désireux de se mesurer contre les forces inconnues qui peuplent ce monde étrange où il est arrivé et qui, dit-on, quoique habité par des bergers, n'est pas encore peuplé d'autres hommes. Le premier dieu contre lequel Mithra combat est le Soleil. Mithra sort vainqueur de l'affrontement et, néanmoins, pose sur la tête de son adversaire une couronne de rayons que, dès lors, il porte toujours. Les deux concurrents deviennent amis ensuite et le Soleil promet à Mithra son aide, en cas de besoin.
Mithra rencontre ensuite un taureau, première des créatures vivantes apparues sur la Terre. Il réussit à saisir ses cornes, alors que la bête, tranquillement, broute l'herbe de la prairie. Mithra monte en croupe, mais le taureau, après une course effrénée, réussit à jeter à terre son cavalier. Ce dernier parvient cependant à l'attraper par les pattes postérieures ; il le traîne ainsi dans une grotte, où lui-même élit domicile. Mais la bête finit par s'échapper. Le Soleil alors envoie à Mithra un corbeau, messager porteur de l'injonction suivante : le taureau doit être tué. C'est bien à contrecœur que Mithra accomplit la volonté du Soleil. Il poursuit le taureau et parvient à le rejoindre, alors qu'il pénètre dans la caverne d'où il s'est enfui : d'une main, Mithra saisit ses naseaux et de l'autre il lui plante son couteau dans les flancs. Il se passe alors quelque chose d'extraordinaire : du corps de l'animal mourant jaillissent toutes espèces d'herbes et de plantes, qui verdissent tout à coup la Terre ; de la moelle épinière sort le blé et le sang se transforme en vin (pain et vin, deux éléments essentiels au rite).
Mais l'esprit du mal semble veiller : il dépêche sur le cadavre du taureau tous ses sbires : scorpions, fourmis, serpents... En vain : il ne peut empêcher que le miracle de la vie s'accomplisse. La semence du taureau, recueillie et purifiée par la Lune, engendre de bons animaux, tandis que son âme s'élève vers les hautes sphères célestes, où elle devient une divinité : Silvain, protecteur des troupeaux. C'est ainsi qu'à travers un sacrifice accompli dans la douleur, le tueur de taureau devient le créateur de tous les êtres bénéfiques et que, de la mort, il fait jaillir une vie plus riche et plus féconde.
Entre-temps, le premier couple humain est créé et Mithra est chargé de protéger l'humanité. De fait, l'esprit des Ténèbres n'a de cesse de tourmenter les humains jusqu'à leur disparition. Mais Mithra, chaque fois, trouve la parade à ses mauvais coups. Un jour, pour mettre fin à une terrible sécheresse, il décoche une flèche dans un rocher : aussitôt jaillit une source d'eau pure ; et, quand le déluge menace d'anéantir l'humanité, il conseille à un homme et à sa femme de construire une arche et de s'y réfugier, avec leurs animaux.
C'est avec ce dernier conseil que finissent l'histoire héroïque de Mithra et sa mission terrestre. Mithra, le Soleil, et quelques autres compagnons célèbrent leurs luttes communes par un splendide festin. Puis les deux divinités retournent vers le ciel, dans le char du Soleil. Alors qu'ils passent au-dessus de lui, l'Océan tente de désarçonner Mithra ; en vain. Mithra partage sa vie entre le ciel et la terre – la terre qu'il se fait un devoir de continuer à protéger, parce que la lutte entre le bien et le mal perdure dans le cœur des hommes.
