Milon
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».
Athlète fabuleux.
Milon naît à Crotone, en Grande-Grèce, au vie siècle av. J.-C. Évoluant dans les milieux aristocratiques, il est un athlète hors pair, six fois vainqueur aux jeux Olympiques et sept fois aux jeux Pythiques ; il s'illustre également à la guerre puisque, lorsque Crotone et Sybaris se livrent bataille pour la domination de l'Italie du Sud, Milon emmène ses hommes à la victoire. Sa force et ses exploits sont comparés à ceux d'Héraclès. D'ailleurs, Milon aime arborer la massue et la peau de lion, symboles herculéens qu'il oppose aux mœurs molles des Sybarites.
Quelques exploits de Milon
Il parcourt la longueur du stade d'Olympie avec, dans ses bras, une génisse de quatre ans, après quoi il la tue à coups de poings et la mange en une journée ;
un jour que ses amis pythagoriciens sont assemblés dans sa maison, siège de leur réunion, comme le toit est sur le point de s'effondrer, Milon le supporte sur ses épaules, donnant ainsi aux occupants le temps de sortir ;
on attache une corde autour de sa tête, il retient sa respiration, fait affluer le sang à ses tempes, et la corde se brise ;
il tient, serrée dans sa main, une grenade ; nul n'est en mesure de la lui prendre et le fruit demeure parfaitement intact.
il se place sur un disque imprégné d'huile, glissant à souhait : personne n'arrive à lui faire perdre l'équilibre ;
il laisse son bras droit le long de son corps et tend son avant-bras ; son pouce est tourné vers le haut et ses autres doigts alignés l'un au-dessous de l'autre : aucun homme ne réussit à bouger son auriculaire.
On a dit que Milon de Crotone devait ses victoires à une pierre magique, qu'il portait toujours sur lui : la pierre alectoire, ou « pierre du coq », qu'on trouve à l'intérieur de l'animal. Qui la possède n'est jamais vaincu.
Le déclin
Un jour, pourtant, Milon trouve à qui parler, lorsqu'il rencontre le berger Titorme. Le voyant si grand, Milon veut éprouver sa force contre lui. Titorme, après l'avoir assuré qu'il est moins fort que ne le laisse supposer son apparence, quitte ses habits, descend dans le fleuve Événos, se saisit d'une pierre énorme, la cale sur ses épaules, marche avec elle sur dix mètres puis la lance au loin. Milon, quant à lui, ne réussit même pas bouger le bloc. Le berger, pour second essai de sa force, se place au milieu de son troupeau, prend par le pied un très gros taureau sauvage et le retient, malgré les efforts extraordinaires de la bête qui cherche à s'échapper. Un autre taureau s'étant approché, Titorme, de l'autre main, le maintient de même par le pied. Alors Milon, levant les bras au ciel, s'exclame : « Oh, Zeus ! voilà bien un second Héraclès ! »
Un autre jour, Milon se présente seul pour la lutte aux jeux sacrés. Le président des jeux l'appelle aussitôt pour le couronner ; mais, en avançant, il fait un faux pas et s'affale de tout son long sur le stade. L'assemblée crie alors qu'il ne convient pas de donner la couronne à un athlète qui, même sans adversaire, tombe aussi maladroitement. S'étant relevé, Milon s'adresse ainsi à la foule, d'une voix éclatante : « Je n'ai pas fait trois chutes [pour être vainqueur à la lutte, il faut renverser trois fois son adversaire] mais une seule ; donc, pour les deux autres, que quelqu'un se présente et me terrasse ! »
Vieux déjà, mais voulant se prouver qu'il a conservé intactes toutes ses forces, Milon entreprend de fendre un arbre en deux ; la partie supérieure de l'arbre bascule mais, après un instant, revient en arrière, écrasant et coinçant ses mains posées sur la partie inférieure. Milon, réduit ainsi à l'impuissance, périt, dévoré par les loups.
On a sculpté une statue en bronze de Milon, à Olympie. L'athlète est représenté le front ceint d'un bandeau, symbole de sagesse, et tenant dans la main gauche une grenade, fruit consacré à Héra.
