Memnon

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

Roi et guerrier du camp troyen contre les Grecs.
Fils de Tithon et d'Éos (« Aurore ») ou de Cissia, Memnon passe son enfance auprès des Hespérides. Roi d'Éthiopie (certains le font venir de Perse), il participe à la guerre de Troie à la tête d'un contingent de dix mille guerriers, ou vingt mille fantassins et deux cents chars, aux côtés du roi Priam dont il est le neveu. Son arrivée dans la citadelle, alors qu'il a taillé en pièces la formidable armée des Solymes, redonne confiance aux Troyens abattus après la mort d'Hector et celle de l'Amazone Penthésilée. Revêtu d'une armure qui le rend invincible, forgée sur l'ordre de sa mère par Héphaïstos, Memnon se révèle un combattant hors pair. Lorsqu'il a tué Antiloque, le fils de Nestor, il doit, en combat singulier, se mesurer à Achille, cuirassé comme lui, qui désire venger la mort de son ami. Longtemps le combat reste incertain et Zeus, sur une balance, pèse les chances de l'un et l'autre, face à leur mère respective. Mais son triste destin est déjà tracé.
Finalement, le plateau correspondant à Memnon s'abaisse, signe que ce dernier va bientôt mourir. Afin d'amoindrir la douleur de sa mère, Zeus accorde l'immortalité à Memnon qui profite d'un bonheur tranquille dans l'Élysée. Mais Éos ne s'en remet jamais : chaque matin les gouttes de rosée sont autant de larmes versées. Quant à son sang répandu, les dieux le recueillent et en font un fleuve : le Paphlagonien.
Le culte
Les Zéphyrs déposent sa dépouille sur les rivages de l'Ésèpe. Et, tandis qu'après avoir inhumé leur chef, les Éthiopiens pleurent sur la tombe, Éos les change en oiseaux, qui s'élèvent aussitôt dans le ciel. Ces Memnonides survolent chaque année la tombe de Memnon au bord de l'Hellespont ; ils combattent entre eux, se déchirent mutuellement du bec et des ongles, jusqu'à ce qu'ils l'aient arrosée de leur sang.
À Thèbes, en Égypte (Louxor), près du temple funéraire d'Aménophis III, se dressent deux statues de quinze mètres de hauteur, prétendument érigées à la mémoire du roi Memnon et de la reine. En 27 av. J.-C., un tremblement de terre détruit le temple et endommage l'un des colosses ; depuis lors, au matin, des fissures de la pierre s'échappe une douce mélodie, le « chant de Memnon », interprétée comme le salut du fils ressuscité, envers sa mère l'Aurore, et dont le son rappelle le bruit que fait la corde d'une lyre en se cassant. L'empereur Hadrien institue un culte officiel à Memnon. Lorsque Septime Sévère fait restaurer la statue, le phénomène musical disparaît à jamais.
On a également attribué à Cambyse la destruction des statues, tant est renommée l'impiété de ce roi.
Variantes
I. C'est Memnon le Troyen qui tue Antiloque alors que ce dernier s'est avancé pour protéger son père. Après la mort d'Hector, Memnon est considéré comme le meilleur des guerriers, duquel le sort de la citadelle semble dépendre. L'Éthiopien Memnon ne met jamais les pieds sur le sol de Troie ; il meurt de sa belle mort dans son pays.
II. Après qu'Achille a eu décapité Troïlos, le jeune fils du roi Priam, Memnon combat vaillamment Achille afin de récupérer le cadavre. Mais le Péléide fait subir le même sort à Memnon : il découpe son corps en menus morceaux.

