Lyre

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

Instrument de musique à cordes.

« Pour te plaire [ô déesse], nous renoncerons aux accents de notre lyre tétrachorde et ne chanterons plus tes louanges qu'en nous accompagnant des sept cordes de la lyre nouvelle. »

L'invention de la lyre revient traditionnellement à Hermès : nouveau-né, il fabrique l'instrument avec une carapace de tortue et des boyaux de bœufs en guise de cordes. Les sons de cet objet plaisent si fort à son frère Apollon (l'inventeur de la musique) que celui-ci en fait son instrument de prédilection. À l'origine, la lyre a trois cordes. On dit que c'est Linos, mais peut-être Terpandre, qui a l'idée d'en ajouter trois autres. Quant à Apollon, il place sept cordes à sa lyre parce que les cygnes ont chanté sept fois quand sa mère l'a mis au monde, bien qu'il passe également pour l'inventeur de l'instrument et des airs qui lui sont propres.

Au ive siècle, avec Timothée, elle se voit dotée de onze ou douze cordes. Elle en aura jusqu'à dix-huit. Ceci dit, l'heptacorde existait en Crète mille ans avant Terpandre.

La lyre figure assez souvent dans les légendes. Elle permet à Apollon de charmer les dieux et les hommes, elle inspire les poètes ; Hermès fait présent d'une lyre à Amphion qui, dès lors, s'adonne à la musique ; Marsyas, pour avoir prétendu être le meilleur musicien, est écorché vif par Apollon ; Héraclès, qui décidément n'est pas doué pour les travaux délicats, tue son maître de musique d'un coup de lyre sur la tête ; Orphée se sert de sa lyre pour charmer les Sirènes, il l'utilise aussi pour dialoguer avec les bêtes sauvages. Horace s'est plu à invoquer l'instrument.

Dans l'Antiquité grecque, tout garçon bien éduqué doit apprendre à jouer de la lyre.

Invocation à la lyre

Mercure, qui fus le maître d'Amphion et lui appris à mettre par ses chants les pierres en mouvement, et toi, lyre sonore aux sept cordes, jadis sans voix et sans agrément, chère aujourd'hui aux riches festins et aux temples, dites-nous des accords faits pour tenir attentive l'intraitable Lydé ; semblable à une cavale de trois ans, elle saute et bondit dans les larges campagnes, et ne veut pas qu'on la touche, parce qu'elle n'est pas encore mariée et ignore les pétulantes attaques d'un époux.

Mais tu peux, lyre, entraîner les tigres et les arbres et ralentir le cours des ruisseaux, tu charmes et fais reculer devant toi le portier du sombre palais, Cerbère, dont cependant la tête, comme celle des Furies, est défendue par cent serpents, et dont la gueule aux trois langues exhale une odeur fétide et dégoutte de venin. Malgré eux, Ixion et Tityos ont souri, en t'écoutant, et les Danaïdes ont laissé sécher le fond de leur tonneau, charmées par la douceur de ton chant. Qu'elle écoute, Lydé, le crime des Danaïdes, leur châtiment fameux, le tonneau laissant échapper par le fond l'eau qu'elles y versent, et les peines tardives réservées à la faute, même dans les enfers.

Horace