Licorne

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

Animal fabuleux.
En Inde vit une espèce d'âne sauvage ; sa taille est à peu près semblable à celle du cheval. Blanc de robe, il a néanmoins la tête pourpre et ses yeux reflètent la couleur bleu. Son front est hérissé d'une corne dont la longueur avoisine les soixante-dix centimètres : le dessous en est blanc, le dessus rouge vif et le milieu noir profond. Cet animal porte le nom de « licorne », mais on l'appelle aussi « unicorne ».
Certains Indiens, les plus riches et les plus puissants, utilisent cette corne pour boire ; ils l'embellissent en outre avec des anneaux, un peu comme on mettrait des bracelets, à intervalles réguliers, sur le bras d'une jeune fille. On dit que ceux qui ont bu dans cette corne demeurent à l'abri des maladies incurables, mais aussi de l'épilepsie et des convulsions mortelles provoquées par le poison. Et si, d'aventure, un individu a avalé du poison, il lui suffit de boire une première fois dans la corne : alors il se met à vomir et la santé lui revient.
La licorne se déplace avec vélocité, laissant loin derrière elle l'âne, le cheval ou le cerf. Son mouvement, lent d'abord, acquiert progressivement de la vitesse, toujours plus de vitesse : chercher à rattraper la licorne est une course perdue d'avance.
Quand la femelle a mis bas ses petits, puis qu'elle les emmène faire un tour, le mâle les accompagne et les surveille. Les endroits que la licorne fréquente sont les plaines désolées de l'Inde. Face aux Indiens qui la chassent, la licorne laisse ses petits paître et reste auprès d'eux pour les défendre : elle attaque les agresseurs, en enfonçant sa corne dans le flanc de leurs chevaux. Et la puissance du coup est telle que rien n'y résiste, que tout s'y brise. Et parfois la corne elle-même se casse et devient alors inutilisable. Mais si un cavalier tombe à terre, il est aussitôt lacéré, étripé, mis en pièces. C'est pourquoi les hommes redoutent d'approcher la licorne ; le prix à payer est trop élevé : une mort atroce pour eux-mêmes, mais aussi pour leur monture. Et la licorne ne se défend pas seulement avec sa corne : ses coups de pieds sont dévastateurs ; ses morsures occasionnent des blessures graves et il n'est pas rare qu'un coup de dents emporte un bras ou une jambe, ou toute autre partie du corps. Il est donc impossible de capturer la licorne vivante : les Indiens le savent et cherchent à l'atteindre de leurs javelots et de leurs flèches. De son cadavre ils arrachent la corne, qu'il travaillent ensuite avec beaucoup d'art. Ils abandonnent l'animal mort, car la viande de la licorne, trop amère, n'est pas bonne à manger.
