Laocoon

Laocoon et ses fils.
Laocoon et ses fils.

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

1. Troyen prêtre d'Apollon.

Présenté comme le fils de Priam et d'Hécube par les uns, comme celui du prince Anténor par les autres, comme le fils d'Acoetès par d'autres, par d'autres encore comme celui de Capys, Laocoon, époux d'Antiopé est, à Troie, le prêtre visionnaire d'Apollon Thymbréen ou de Poséidon (Neptune), ou encore des deux. Mais, comme la prophétesse Cassandre, Laocoon commet l'impardonnable : dans le sanctuaire d'Apollon, il s'unit avec Antiopé qui lui donne deux fils : Éthron et Mélanthos (ou Antiphas et Thymbræos). Lorsque les Grecs abandonnent le Cheval de bois devant Troie, Laocoon est l'un des rares, avec Cassandre, à maudire le cadeau, y voyant là une ruse de l'ennemi pour s'emparer de la citadelle : « Timeo Danaos et dona ferentes » (« Je crains les Danaens même quand ils portent des offrandes »), dit-il. Puis, en signe d'hostilité, il lance sa javeline contre le Cheval.

Comme Laocoon immole un taureau à Poséidon, voici que de la mer surgissent deux serpents monstrueux. Ils se précipitent sur les enfants du prêtre ; aussitôt leur père accourt : ils périssent tous trois, étouffés entre les puissants anneaux.

La majorité des Troyens pensent que Laocoon n'a eu que ce qu'il méritait : n'a-t-il pas offensé Athéna en lançant une arme contre le Cheval sacré, qu'ensuite on fait entrer dans la cité par une brèche dans la muraille ?

Variantes

I. Comme il exhorte les Troyens à détruire le Cheval par le feu et qu'il est sur le point de les convaincre, Laocoon est rendu aveugle par Athéna. Malgré cet avertissement de mauvais augure, il s'obstine contre le cadeau des Grecs. Ses deux fils sont alors mis en pièces par le monstre.

II. Apollon le châtie pour s'être marié et avoir eu des enfants contre la volonté divine.

2. Argonaute.

Fils de Porthaon et d'une esclave, ce Laocoon, déjà âgé, ne s'est embarqué que pour veiller sur son demi-frère Méléagre.

La mort de Laocoon

Laocoon, que le sort avait désigné comme prêtre de Neptune,

immolait solennellement un énorme taureau sur les autels.

Or voici que de Ténédos, sur des flots paisibles, deux serpents

aux orbes immenses (je frémis en faisant ce récit),

glissent sur la mer, et côte à côte gagnent le rivage.

Poitrines dressées sur les flots, avec leurs crêtes rouge sang,

ils dominent les ondes ; leur partie postérieure épouse les vagues,

et fait onduler en spirales leurs échines démesurées.

L'étendue salée écume et résonne ; déjà ils touchaient la terre ferme,

leurs yeux brillants étaient teintés de sang et de feu,

et, d'une langue tremblante, ils léchaient leurs gueules qui sifflaient.

À cette vue, nous fuyons, livides. Eux, d'allure assurée,

foncent sur Laocoon. D'abord, ce sont les deux corps

de ses jeunes fils qu'étreignent les deux serpents, les enlaçant,

les mordant et se repaissant de leurs pauvres membres.

Laocoon alors, arme en main, se porte à leur secours. Aussitôt

ils le saisissent et le serrent de leurs énormes anneaux. Deux fois déjà,

ils lui ont entouré la taille, deux fois autour du cou, ils ont enroulé

leurs échines écailleuses, le dominant de la tête, la nuque dressée.

Aussitôt ses mains tentent de défaire ces nœuds,

ces bandelettes souillées de bave et de noir venin ;

en même temps il fait monter vers le ciel des cris horrifiés :

on dirait le mugissement d'un taureau blessé fuyant l'autel,

et secouant la hache mal enfoncée dans sa nuque.

Mais les deux dragons en un glissement fuient vers les temples,

sur la hauteur, gagnant la citadelle de la cruelle Tritonienne,

où ils s'abritent aux pieds de la déesse, sous l'orbe de son bouclier.

Virgile

Laocoon et ses fils.
Laocoon et ses fils.