Lampsace
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».
Fille de Maudron, roi des Bébryces Pityesséniens.
Il y a à Phocée deux frères jumeaux, descendants de Codros, nommés Phobos et Blepsos. Phobos, s'étant rendu par mer à Parion (ou Parium), ville de Phrygie, pour affaires personnelles, devient l'hôte puis l'ami de Mandron, le roi des Bébryces dits Pityesséniens et lui apporte même son aide dans une guerre contre les peuplades voisines. Aussi, quand il rembarque, Mandron lui prodigue-t-il de nombreuses marques de reconnaissance et s'engage-t-il, entres autres promesses, à lui céder une partie de son territoire et de son royaume s'il veut devenir ami des Phocéens et fonder une colonie à Pityesse (appelée aussi Pityea ou Pityeia). Phobos décide ses compatriotes et fait partir son frère Blepsos à la tête des futurs colons. Mais voilà bientôt que ces nouveaux venus s'enrichissent considérablement par le butin et les dépouilles qu'ils prennent sur les voisins barbares, au point d'exciter d'abord la jalousie, puis la crainte des guerriers bébryces, qui dès lors veulent se débarrasser d'eux. Mais Mandron est un prince bon et juste, et il se refuse à suivre son peuple dans un combat contre les Grecs.
Profitant alors d'un voyage que fait Mandron, les Bébryces fomentent l'élimination des Phocéens. Or Lampsace, la fille du roi, apprend le complot. Elle essaie d'abord d'en dissuader ses amis et ses proches : elle leur montre que ce serait une infamie et un sacrilège, que de faire périr ceux qui, après avoir été leurs bienfaiteurs et leurs alliés, sont devenus leurs concitoyens. En vain. Dès lors, elle révèle secrètement aux Grecs ce qui se trame, les engageant à prendre leurs précautions. Ceux-ci, ayant préparé un sacrifice et un banquet hors de la ville, dans un des faubourgs, invitent les Pityesséniens à s'y rendre. Puis, comme ils se sont partagés en deux troupes, les uns occupent les remparts, les autres massacrent les habitants. Maîtres de la ville, au retour de Mandron, ils l'invitent à régner sur eux. Quant à Lampsace, qu'une maladie a emportée sur ces entrefaites, ils lui consacrent dans la ville une sépulture magnifique et, d'après son nom, donnent à la cité celui de Lampsaque. Mais Mandron, qui ne veut pas qu'on le soupçonne d'avoir trahi, refuse de revenir parmi eux. Il demande même qu'on lui renvoie les enfants et les veuves, ce que les Grecs, loin de leur infliger aucun mauvais traitement, s'empressent de faire. De plus, non contents d'accorder des honneurs semi-divins à Lampsace, ils décrètent qu'on lui sacrifiera comme à une déesse.
