Iliade

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».



Épopée attribuée à Homère.
L'Iliade chante, en vingt-quatre chants, la dernière année de la guerre qui oppose, dix ans durant, les Grecs aux Troyens, jusqu'à la mort d'Hector. En voici le sommaire tel que l'a écrit le poète Ausone (lequel, dans son texte, donne aux dieux grecs leurs noms latins équivalents), précédé des premiers vers du chant.
Chant I
« Raconte, ô déesse, la colère désastreuse d'Achille fils de Pélée, qui causa mille maux aux Achéens. »
Chrysès, prêtre d'Apollon, supplie Agamemnon pour le rachat de sa fille. Repoussé avec affront, il implore la vengeance de son dieu. Une peste cruelle étant survenue, et comme l'armée des Grecs périssait, Achille assemble un conseil, et force Calchas d'indiquer contre son gré la cause du fléau. Cette cause connue, Agamemnon s'emporte contre Achille, qui, outré de colère, aurait eu l'audace même de tuer le roi, si Athéna ne l'eût empêché de se porter aux derniers excès de la fureur. Briséis, sa concubine, lui est ravie pour remplacer Chryséis, rendue à son père. Alors Thétis, mère d'Achille, prenant en pitié les pleurs et les affronts de son fils, monte au ciel. Forte d'avoir autrefois défendu Zeus par le bras d'Égéon, et pressée de venger l'injure faite à son fils, elle supplie le souverain des dieux d'accorder aux Troyens la supériorité dans les combats. Héra, à cette nouvelle, s'émeut de colère contre son époux : leur querelle, qui s'animait, s'apaise bientôt au milieu des rires, grâce au zèle d'Héphaïstos, qui veut intervenir aussi pour donner son avis.
Chant II
« Les dieux, et la race humaine, esclave des soucis, goûtaient dans l'ombre les tranquilles bienfaits du sommeil ; mais le dieu du tonnerre veille ; la nuit, sans repos pour lui, n'a pu l'apaiser : il roule en son cœur d'immenses préparatifs pour venger dans le sang des Grecs les affronts d'Achille. »
Zeus avertit en songe Agamemnon que le temps est venu de livrer bataille, et qu'il ne doit plus hésiter à combattre. Ce roi convoque les chefs en conseil, et leur expose l'ordre de Zeus et la vision qu'il a eue la nuit pendant son repos. Puis, devant toute l'armée réunie, il interroge la volonté des soldats, il les exhorte à renoncer à cette guerre et à retourner chacun chez soi. Et tous déjà se disposaient à reprendre la mer ; mais Ulysse s'oppose à cette honteuse retraite, et, après d'amers reproches, il frappe Thersite, hideux discoureur, dont la libre parole est toujours prête à outrager les héros. Conseillé par Athéna, il détourne toute l'armée de l'idée du départ. Les soldats prennent des aliments, et préparent leurs armes. D'un autre côté, les Troyens, sur un avis d'Iris, se rangent en bataille. Suit le dénombrement des troupes une à une, désignant par ordre, comme un catalogue, les soldats, les vaisseaux, les chefs et leurs patries.
Chant III
« Les troupes des Argiens suivent chacune leur chef au combat. Disposés en escadrons de cavaliers et en pelotons d'infanterie, les Troyens, au bruit des clairons, mêlent et confondent les bataillons. »
Avant l'attaque, Priam, du haut des murs, contemple l'armée rangée en bataille. Hélène lui montre et lui fait connaître les guerriers célèbres. Ensuite Alexandre [Pâris] provoque Ménélas à un combat singulier. Malgré les avis contraires d'Agamemnon, Ménélas marche à sa rencontre ; par un pacte conclu entre les deux peuples, par un traité juré sur les autels, on convient qu'Hélène avec sa dot suivra le vainqueur. Mais Pâris est vaincu [sic ; dans le texte d'Homère, il est soustrait par Aphrodite] : de retour dans la ville, il reçoit les reproches de son épouse. Agamemnon réclame l'exécution du traité.
Chant IV
« Cependant Zeus avec les dieux créateurs convoque le conseil d'en-haut sur les affaires des Grecs. »
Zeus veut la destruction de Troie : il y est entraîné par l'acharnement d'Héra. Athéna, empressée d'accomplir ce projet, médite la rupture du traité. Elle aborde un habile archer, Pandaros, et le persuade avec adresse de blesser, sans être vu, Ménélas, pour réveiller des motifs de guerre. Il obéit : les Grecs recommencent le combat, et les deux armées se rencontrent : la lutte produit un égal carnage.
Chant V
« Pallas la Tritonienne inspire le fils de Tydée et le remplit d'audace et de bravoure. Son cimier d'or vomit des flammes, et de son bouclier brûlant jaillissent des torrents d'étincelles. Lui, il brille d'un éclat pareil à l'étoile d'automne. »
Diomède, aidé d'Athéna, combat vaillamment. Aphrodite, de son côté, essaie de protéger son fils ; mais elle reçoit une blessure et s'éloigne. Arès est blessé aussi et quitte la mêlée. Suit la rencontre de Tlépolème et de Sarpédon. Tlépolème, fils d'Héraclès, est vaincu et tué dans la lutte.
Chant VI
« Abandonnées à elles-mêmes, les armées combattent sans l'assistance des dieux, dont les secours ont cessé. Chacune trouve dans ses efforts le revers ou le succès, au hasard de sa propre destinée. »
Aux guerriers troyens dont la fortune décline, le devin Hélénos conseille d'apaiser Athéna. Hector engage Hécube à porter le péplos dans le temple : elle accomplit ce vœu avec les mères. Glaucos le Lycien et Diomède l'Étolien s'avancent pour se mesurer : au moment de commencer la lutte, ils se rappellent l'hospitalité dont les liens unissaient leurs pères, ils échangent leurs armes et se retirent. Pâris, gourmandé par son frère [Hector], marche au combat.
Chant VII
« À ces mots, Hector s'élance hors des portes. »
Du consentement d'Athéna et d'Apollon, Hector provoque le plus brave d'entre les Grecs. Neuf chefs se présentent pour accepter le défi : on remet à la décision du sort le choix du combattant, et c'est Ajax fils de Télamon qui engage ce combat singulier, dans lequel Hector, atteint d'une pierre, rentre dans les rangs des siens. La lutte se poursuit : Idaios intervient avec son caducée. Les deux rivaux s'envoient de mutuels présents, et mettent fin au combat. Hector donne un glaive à Ajax, Ajax un baudrier à Hector. La nuit survient ; l'une et l'autre armée rentre en son camp. Le lendemain, on prend soin d'inhumer les morts. Les Grecs entourent la rade d'un fossé et d'une palissade, pour protéger leurs vaisseaux.
Chant VIII
« La blonde Aurore brillait sur son char de safran. »
Dans un conseil tenu par les dieux, Zeus décide, pour sa part, que chaque armée combattra à ses risques, et que nulle divinité n'interviendra pour favoriser ou poursuivre de sa haine l'un ou l'autre parti. Il se retire sur le mont Ida. Mais la terreur de sa présence jette l'épouvante parmi les Grecs, qu'une fuite honteuse entraîne vers leurs retranchements, où le fossé et les palissades leur offrent un abri. Héra et Athéna veulent secourir les Grecs : par ordre de Zeus, Iris effraie les deux déesses. La nuit interrompt le combat. Les Troyens vainqueurs placent sur le champ de bataille des sentinelles pour observer l'ennemi : partout ils allument des feux, et ils délibèrent toute la nuit sur les opérations de la guerre.
Chant IX
« Cependant les sentinelles qui veillent cernent les Achéens. »
Les Grecs, battus dans le dernier combat, s'épouvantent du péril qui les menace. Agamemnon convoque les chefs. Ce roi propose de fuir, et de faire les préparatifs pour reprendre la mer pendant la nuit. Diomède et Nestor sont d'un avis contraire. Par le conseil de Nestor, Ajax et Ulysse sont députés vers Achille pour lui promettre de riches présents, s'il abjure sa colère et prête son appui à l'armée aux abois. Mais Achille obstiné persiste en ses ressentiments, et l'inutile députation revient sans avoir rien obtenu.
Chant X
« Le sommeil tenait assoupis sur les navires tous les autres chefs ; Atride seul est tourmenté de soucis inquiets. »
Ulysse et Diomède, pendant la nuit, s'avancent à la découverte : ils aperçoivent Dolon, qui lui-même, séduit par les promesses d'Hector, était sorti pour épier les desseins des Grecs. Ils lui arrachent une révélation entière et le tuent sur la place. Instruits par lui de l'arrivée de Rhésos, roi de Thrace, ils exterminent ce prince et douze guerriers avec lui. Ils emmènent, comme prix et en même temps comme témoignage de leur expédition, ses coursiers remarquables, qui surpassaient par leur blancheur et leur agilité les neiges et les vents.
Chant XI
« Quittant la couche dorée de Tithon, l'Aurore illuminait le monde, et ramenait les peines et les travaux. »
Tous les Grecs combattent : avec vaillance, mais sans succès. Les chefs étant blessés, le sort de la bataille est remis à la foule des soldats inconnus. Ce revers de fortune commence à fléchir Achille ; il envoie Patrocle s'instruire de l'état des choses. Patrocle, en revenant lui annoncer la fâcheuse position de l'armée, aperçoit Eurypylos souffrant d'une blessure. Il lui applique les remèdes de la médecine et le rappelle à la santé.
Chant XII
« Pendant que le petit-fils d'Actor ranime Eurypylos que sa blessure épuise, Argiens et Achéens combattent avec fureur. »
La fortune des Grecs, chancelante, ou plutôt abattue, était dans une situation désespérée. Leurs meilleurs chefs étaient blessés, le reste de l'armée était en fuite ou frappée de terreur. Les Troyens renversent les retranchements de la rade et franchissent le fossé, encouragés par des augures que l'événement rendait équivoques. Sarpédon arrache une partie de la muraille, Hector lance un rocher contre la porte qui se brise et le combat s'engage sur la rade même.
Chant XIII
« Zeus amène Hector et les Troyens sur la flotte. »
Poséidon, ému de pitié, vient au secours des navires grecs : empruntant les traits d'un devin, il excite au combat les deux Ajax, et il n'encourage pas moins par la majesté de sa présence le reste de l'armée. Idoménée se signale par de nobles exploits. Les Troyens, qui déjà lâchaient pied, se rallient, rassurés par Hector et, avec de grands cris, le combat recommence de part et d'autre.
Chant XIV
« Les clameurs ont troublé Nestor, qui buvait à l'écart ; il s'étonne de la grandeur du tumulte qui frappe son oreille. »
Héra emprunte à Aphrodite sa ceinture appelée cestos, et va trouver Zeus retiré sur le mont Ida. Elle prie le Sommeil de l'endormir et, pendant qu'il veille encore, elle le subjugue par ses caresses conjugales. Voyant Zeus qui s'oublie, Poséidon en abuse pour rétablir la fortune des Grecs par un plus prompt secours, et par le bras d'Ajax le Locrien qui guerroie en avant des autres.
Chant XV
« Déjà franchissant palissade et fossé, la jeunesse troyenne s'arrêtait, menaçant d'incendier la flotte conquise. »
Zeus s'éveille, il voit que l'aspect du combat a changé, et que les Troyens sont en déroute, grâce aux secours portés aux Grecs par Poséidon. Après avoir adressé d'amers reproches à Héra, il envoie par Iris de terribles menaces à son frère et lui ordonne de retirer son appui. Il charge Apollon de ranimer Hector et l'engage à relever la fortune de la guerre en faveur des Phrygiens. Alors Ajax fils de Télamon se bat aussi avec vigueur ; il immole une foule d'ennemis, et empêche ainsi l'incendie de la flotte.
Chant XVI
« Tandis que la haute carène, attaquée avec le fer et la flamme par les Troyens, continue d'être défendue par les rois d'Argos... »
Achille prend pitié de l'état des Grecs presque réduits à la dernière extrémité. Il permet à Patrocle de s'armer de ses armes. Patrocle entraîne avec lui la troupe des Myrmidons, et trompant par la ressemblance d'Achille les Troyens consternés qui roulent par-dessus les palissades et s'embarrassent mutuellement dans leur aveugle terreur, il les repousse jusque dans la plaine. Puis, dans une rencontre, Patrocle tue Sarpédon, taille en pièces un grand nombre d'ennemis et périt lui-même sous les coups d'Hector, après avoir été blessé par Euphorbe.
Chant XVII
« Le meurtre du petit-fils d'Actor ne t'a point échappé, Ménélas. »
Le combat se concentre autour de Patrocle mort. Chaque armée, animée d'un désir contraire, s'acharne, les Grecs à défendre ses restes, les Troyens à les enlever pour insulter son cadavre. Euphorbe tombe sous les coups de Ménélas et, pour faire parade de son glorieux exploit, Hector s'arme des dépouilles d'Achille. Antiloque, sur les instances de Ménélas, court annoncer ce revers à Achille. Ménélas se retire ensuite avec Mérion derrière les retranchements de la rade, et laisse les deux Ajax soutenir tout le poids de la guerre.
Chant XVIII
« Pendant qu'Arès promène les feux de sa rage au milieu des combats, Antiloque, messager aux pieds rapides, parvient chez Achille. »
Achille pleure sur un ton lamentable le trépas de Patrocle ; abattu par la force de sa douleur, sa mère lui adresse de consolantes paroles, lui répond que son ami sera vengé, et promet de lui apporter des armes forgées par Héphaïstos. Cependant Héra envoie Iris vers lui et, sur ses instances, Achille, quoique sans armes, s'avance hors du retranchement : les Troyens épouvantés se précipitent les uns sur les autres, entraînés au loin par la fuite et plus loin encore par la terreur. En même temps, Héphaïstos, cédant aux prières de Thétis, passe toute une longue nuit à fabriquer des armes célestes en faveur de la nymphe.
Chant XIX
« Cependant l'Aurore se lève et quitte l'océan. »
Achille revêt la céleste armure, ouvrage d'Héphaïstos et présent de sa mère. Ensuite il convoque en conseil les chefs des Grecs, abjure et dépose son ressentiment, et reçoit, devant l'assemblée, les riches présents promis par le roi. Alors il fait prendre aux soldats des aliments, qu'il se refuse à lui-même ; puis, à la tête de cette armée animée de sa rage et attentive à ses ordres, il marche au combat.
Chant XX
« Et déjà descendaient armés, du haut des navires, ces milliers de soldats envoyés par la grande Mycènes. »
L'une et l'autre armée, avec des forces neuves, engage le combat. Ensuite, du consentement de Zeus, la faveur des dieux se partage. Héra et Athéna combattent pour les Grecs, qui ne sont pas moins protégés par Poséidon, Hermès et Héphaïstos. Les Troyens ont l'appui d'Apollon et d'Aphrodite, d'Artémis et de sa mère, d'Arès aussi et du Scamandre avec eux. Alors Énée, en dépit des dieux et de ses forces inégales, se mesure avec Achille. Quoique favorable aux Grecs, Poséidon l'enveloppe d'un nuage et l'enlève.
Chant XXI
« Une honteuse déroute avait entraîné dans le fleuve les cohortes tremblantes. »
Les Troyens sont poussés par la terreur et la fuite jusque dans le courant du fleuve Scamandre. L'espace manquant alors pour reculer plus loin, dans le fleuve même [ils se précipitent] et comme le fleuve se soulève, Achille enchaîne là douze jeunes Troyens, pour être immolés aux mânes de Patrocle. Héphaïstos brûle avec ses feux le torrent débordé. Alors, Achille s'étant avancé dans la plaine, les dieux, suivant leurs penchants, combattent çà et là, chacun pour le parti qu'il préfère. L'armée troyenne, poursuivie par le vainqueur, est refoulée contre les murs de sa ville.
Chant XXII
« Chassés par la peur, les bataillons phrygiens tournaient autour de leurs remparts. »
Hector se mesure avec Achille en combat singulier, en dépit de Priam et d'Hécube, qui le supplient de ne point combattre ; au gré d'Athéna au contraire, qui, sous les traits de Déiphobe, l'excite au combat. Hector est tué ; attaché au char d'Achille, il est traîné trois fois autour des remparts de Troie : son cadavre déchiré est transporté ensuite sur les vaisseaux et réservé à d'autres supplices, pour venger Patrocle et assouvir la rage du vainqueur.
Chant XXIII
« Troie est toute à ses pleurs, la jeunesse argienne est toute à ses jeux. »
On célèbre des jeux funèbres en l'honneur de Patrocle. Diomède remporte le premier prix à la course de chars, Ulysse celui du pugilat et de la course ; d'autres sont vainqueurs en d'autres exercices.
Chant XXIV
« Les jeux terminés, chacun regagne son navire. »
Zeus envoie Thétis vers son fils avec ordre de cesser de sévir sur un cadavre, et de respecter l'humaine destinée dans un ennemi expiré, en rendant son corps à la sépulture. Par ordre du même dieu, Iris engage Priam à racheter à prix d'or les restes de son fils. Guidé par Hermès, Priam s'avance la nuit au milieu des sentinelles ennemies ; il se roule en suppliant aux pieds d'Achille et, après avoir racheté son fils, il ordonne un deuil public, le pleure et l'ensevelit.






