Idothée

(Variantes : Eidothée)

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

Nymphe fille de Protée.

Au cours de leur long retour vers Sparte, Ménélas et ses guerriers, épuisés par la faim, sont réduits à ne manger que du poisson, quand la nymphe Idothée apparaît ; elle gourmande Ménélas pour son manque d'esprit, puis elle lui indique la manière de maîtriser Protée, son propre père et sujet de Poséidon, mais surtout détenteur du secret qui rendra la liberté à Ménélas et à ses hommes.

Récit d'Idothée à Ménélas

[...] En cette île [Pharos], fréquente un des Vieux de la Mer : c'est l'immortel Protée, le prophète d'Égypte qui connaît, de la mer entière, les abîmes ; vassal de Poséidon, il est, dit-on, mon père, celui qui m'engendra... Ah ! lui, si tu pouvais le prendre en embuscade !... il te dirait la route, la longueur des trajets et comment revenir sur la mer aux poissons ; si tu le désirais, il te dirait encore, ô nourrisson de Zeus, tout ce qu'en ton manoir, il a pu survenir de maux, et de bonheur.

[...] ménélas. Alors conseille-moi !... quelle embûche dresser à ce vieillard divin ? il fuira, s'il me voit de loin ou me devine : mettre un dieu sous le joug, c'est assez malaisé pour un simple mortel.

[...] idothée. Quand le soleil, tournant là-haut, touche au zénith, on voit sortir du flot ce prophète des mers : au souffle du Zéphyr, qui rabat les frisons de sa noire perruque, il monte et va s'étendre au creux de ses cavernes ; en troupe, autour de lui, viennent dormir les phoques de la Belle des Mers qui sortent de l'écume, pataugeant, exhalant l'acre odeur des grands fonds. Je t'emmène là-bas dès la pointe de l'aube ; je vous poste et vous range ; à toi de bien choisir sur les bancs des vaisseaux trois compagnons d'élite. Mais je dois t'enseigner tous les tours du Vieillard. En parcourant leurs rangs, il va compter ses phoques ; quand il en aura fait, cinq par cinq, la revue, près d'eux il s'étendra, comme dans son troupeau d'ouailles un berger. C'est ce premier sommeil que vous devez guetter. Alors ne songez plus qu'à bien jouer des bras ; tenez-le quoi qu'il tente : il voudra s'échapper, prendra toutes les formes, se changera en tout ce qui rampe sur terre, en eau, en feu divin ; tenez-le sans mollir ! donnez un tour de plus !... Mais, lorsqu'il en viendra à te vouloir parler, il reprendra les traits que vous lui aurez vus en son premier sommeil ; c'est le moment, seigneur : laissez la violence, déliez le Vieillard, demandez-lui quel dieu vous crée des embarras.

Homère