Horaces

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

Fratrie romaine.
Sous Tullus Hostilius, qui succède à Numa, la guerre fait rage entre Rome et Albe (671 av. J.-C.). Afin de mettre un terme au conflit, il est alors décidé que les trois champions romains, les Horaces, combattront leurs homologues albains, les Curiaces. Rome et Albe concluent un traité : il stipule que le peuple, dont les guerriers auront triomphé, commandera, mais sans humiliation, le peuple vaincu.
Chaque parti encourage dès lors ses champions, leur rappelant que les dieux, la patrie, leurs parents, leurs amis, tout ce que Rome renferme de citoyens a les yeux fixés sur leurs bras. Entre les deux armées, graves, mais encouragés, Horaces et Curiaces déjà se font face : au premier choc de ces guerriers, au premier cliquetis de leurs armes, dès qu'on voit étinceler les épées, une horreur profonde saisit les spectateurs. De part et d'autre l'incertitude glace la voix et suspend le souffle.
Mais bientôt, deux des Horaces tombent, expirants, l'un sur l'autre. À leur chute, un cri de joie secoue l'armée albaine tandis que l'espérance quitte le camp romain. Le troisième Horace, vierge de toute blessure, trop faible néanmoins pour affronter ses trois adversaires réunis, prend la fuite, convaincu que les Curiaces le poursuivront à plus ou moins longue distance en fonction de leurs blessures. Lorsqu'il se retourne, il constate que ses adversaires le suivent à de longs intervalles. Ainsi séparés, ils sont à sa portée. Horace les achève l'un après l'autre sans difficulté et les dépouille.
Après avoir rendu à leurs morts les derniers devoirs, les deux armées rentrent dans leurs foyers. Lorsqu'elle aperçoit sur les épaules de son frère vainqueur le manteau qu'elle a elle-même tissé pour son fiancé, l'un des Curiaces, Horatia se met à pousser des cris effroyables, dictés autant par le désespoir que par le chagrin. Alors le sauveur de la nation romaine tire son épée et l'enfonce dans la poitrine de sa sœur, avec ces mots : « Va, lui dit-il, avec ton amour insensé, rejoindre ton fiancé, toi qui oublies et tes frères morts, et celui qui te reste, et ta patrie. Périsse ainsi toute Romaine qui osera pleurer la mort d'un ennemi. »
Ce meurtre qui révolte le sénat et le peuple fait condamner à mort Horace. Mais le vieil Horace déclare que sa fille a mérité sa mort. Et puis, comment le peuple romain oserait-il supplicier l'homme par lequel il doit son triomphe ? Enfin, va-t-on lui ôter le seul enfant qui lui reste ? Le peuple s'émeut de ces paroles et Horace est absous. Le père gagne définitivement le rachat de son fils en payant une amende au trésor public ; la famille doit en outre s'acquitter de quelques sacrifices expiatoires.
Voir aussi : Critolaos