Griffons
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».
Créatures fabuleuses, à tête et bec d'aigle, et aux jambes et au corps de lion ailé.
Les griffons habitent la contrée des Hyperboréens, en Scythie, où ils montent la garde devant le trésor (émeraudes ?) d'Apollon, que les Arismaspes, fameux cavaliers, tentent de dérober. D'où l'aversion des griffons pour les chevaux. Par la suite, les griffons sont localisés en Inde et en Éthiopie, mais toujours à proximité de terrains aurifères.
Variante
Il existe, quelque part, une contrée au sol très riche, mais inhabitable parce que les griffons, une espèce de bêtes sauvages pleine de férocité et d'acharnement, ont pour l'or extrait des profondeurs de la terre une passion extraordinaire ; ils veillent sur lui avec un soin extraordinaire, et se montrent menaçants envers ceux qui veulent s'en emparer.
La croyance en l'existence des griffons semble provenir du Proche-Orient où, également, ils sont préposés à la garde des fabuleux trésors, et que l'on retrouve dans les peintures et sculptures des anciens Babyloniens, Assyriens et Perses. Très tôt, ces démons font partie intégrante du fonds mythique de la Grèce. Le griffon devient l'emblème de la vigilance.
Les Romains en font un symbole de la déesse Némésis ; il est représenté dans les frises décoratives et sur les tombeaux.
Le griffon
J'ai entendu dire que le griffon (animal qui naît en Inde) est un quadrupède comme le lion, pourvu de griffes particulièrement robustes, celles-ci également semblables à celles que possèdent les lions. Il est généralement admis qu'il a des ailes, et que les plumes de son dos sont noires, et rouges celles de la partie antérieure de son corps ; toutefois ses ailes sont de couleur blanche. Ctésias écrit que le cou de cet animal a un plumage chamarré de bleu ; son bec est comme celui des aigles, et sa tête est identique aux représentations qu'en font les peintres et les sculpteurs. On dit que ses yeux sont flamboyants.
Il construit son nid sur les montagnes ; capturer des sujets adultes se révèle impossible ; les indigènes ne réussissent à capturer que des jeunes. Les habitants de la Bactriane, voisins des Indiens, disent que les griffons montent la garde devant les gisements d'or de la région, l'extraient (ainsi affirment-ils) et l'utilisent dans la construction de leur nid, et que les parcelles qui en tombent sont recueillies par les Indiens. Mais ces derniers nient que les griffons montent la garde devant cet or ; de fait, ils soutiennent que ces animaux n'en ont absolument pas besoin (s'ils disent cela, je crois qu'ils disent la vérité), et que ce sont eux-mêmes qui vont récolter l'or, alors que les griffons, craignant pour la vie de leurs petits, luttent contre tous ceux qui envahissent leur territoire. Quand ils combattent les autres animaux, ils sortent facilement victorieux, mais ils ne parviennent pas à tenir tête aux lions ou aux éléphants. Les Indiens, qui redoutent la force de ces bêtes, ne vont pas à la recherche de l'or durant la journée, mais pendant la nuit ; à ce qu'il paraît, ces heures sont les meilleures pour rester cachés.
La région où vivent les griffons, et où l'on trouve des mines d'or, est affreusement désertique. Ceux qui partent en quête de ce métal arrivent par quantité de mille, ou deux mille, armés, et portant avec eux des pioches et des sacs ; ils attendent une nuit sans lune, puis ils se mettent à creuser. S'ils parviennent à tromper les griffons, ils en tirent un double avantage : non seulement ils sauvent leur peau, mais ils peuvent aussi emporter chez eux un beau paquet d'or, et quand ceux, qui ont acquis une certaine habileté à fondre ce métal, l'ont raffiné, alors ils deviennent les possesseurs d'une richesse immense, qui les dédommage de tous les dangers que nous avons décrits ci-dessus. Mais s'ils viennent à être pris en flagrant délit, alors ils sont condamnés. Je me suis laissé dire que ces chercheurs retournent chez eux après une période de trois ou quatre ans.
Élien
