Feronia

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

Déesse rustique, considérée comme la divinité du printemps, des sources et des champs.

Antique divinité italique, Feronia voit son culte introduit à Rome par les Sabins. Deux lieux d'adoration lui sont consacrés. L'un se trouve sur le mont Soracte (690 mètres, situé à 35 kilomètres au nord-ouest de Rome), dont la manifestation est le prétexte à des échanges commerciaux ; ce temple est renommé pour ses richesses : les Capénates, sur le territoire desquels il est situé, y apportent les prémices de la récolte, ainsi que des offrandes ; de nombreux objets en or et en argent y sont en outre déposés. Après le départ d'Hannibal, qui s'y est arrêté, on ne trouve plus que quelques morceaux de bronze. On y célèbre une cérémonie très singulière : ceux qui sont possédés par la divinité marchent pieds nus sur une grande surface de charbons ardents et de braises, sans ressentir aucune douleur. Une foule de gens se rassemblent là, aussi bien pour la panégyrie annuelle que pour le spectacle. Dans l'Énéide, cette épreuve du feu concerne Apollon, protecteur du Soracte. L'autre sanctuaire de Feronia est situé à Terracine.

Les prêtres sont appelés les « loups du Soracte », hirpi Sorani. Un jour qu'ils sacrifient à Dis Pater, voilà que des loups surviennent, se jettent sur les victimes, en arrachent des morceaux de viande qu'ils emportent ensuite en s'en allant. Aussitôt on se lance à leur poursuite. Les loups se réfugient dans une caverne, qui laisse échapper une odeur pestilentielle, tant et si bien que les poursuivants en meurent et qu'une épidémie infecte la région. On interroge alors l'oracle : pour apaiser la colère divine, les habitants doivent se comporter comme les loups qu'ils ont poursuivis, c'est-à-dire comme des voleurs.

Les cérémonies liées au culte de Feronia sont l'occasion d'affranchir les esclaves, et Feronia veille au bon déroulement du passage de la servitude à celui de la liberté ; les esclaves, tête tondue, y reçoivent le pileus, le bonnet d'affranchi. L'emplacement de ses sanctuaires étant symbolique à cet égard : en pleine nature (espace de liberté) mais non loin d'une ville (espace réglé).

Feronia avait un fils, Érylus, tué par Évandre.

Voir aussi : Érylus