Damoclès
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».
Sujet d'une expérience sur la précarité du bonheur.
Damoclès vit à la cour du tyran de Syracuse, Denys l'Ancien (430-367 av. J.-C.), dont il vante les richesses (avec un peu de jalousie) ; ces richesses, affirme-t-il, peuvent offrir à Denys tout le bonheur imaginable. Un jour, Denys invite Damoclès à un somptueux festin. Damoclès doit alors modifier sa vision du bonheur lorsqu'il aperçoit, au-dessus de sa tête, une épée retenue par un simple crin de cheval. D'où l'expression courante « épée de Damoclès ».
L'épée de Damoclès
Denys bavardait avec l'un de ses courtisans, Damoclès ; celui-ci l'entretenait de ses richesses, de sa puissance, du prestige de son gouvernement, de l'abondance de ses biens, du faste de son royaume, pour en arriver à cette conclusion que lui, Denys, était l'homme le plus heureux qui ait jamais vécu. « Eh bien, Damoclès, lui proposa-t-il, puisque cette vie te plaît tant, pourquoi ne pas la goûter toi-même et juger de mon bonheur ? » Damoclès répondit que c'était justement ce qu'il désirait. Le tyran ordonna alors qu'on l'étendît sur un lit d'or, couvert d'un superbe tapis orné de broderies magnifiques ; on chargea les buffets de vases d'or et d'argent ciselé. Denys choisit de très beaux esclaves, qu'il disposa autour de la table, et qui devaient faire le service de façon impeccable, au moindre signe de Damoclès. Il y avait des parfums, des couronnes, l'encens brûlait, et les tables étaient garnies des mets les plus raffinés. Damoclès se croyait un homme heureux. Mais au beau milieu de cette magnificence, Denys fit suspendre au plafond, juste au-dessus de la tête de cet homme heureux, un glaive étincelant. Et le glaive était attaché à un crin de cheval. Et voilà que Damoclès n'a plus d'yeux ni pour la beauté des esclaves, ni pour la splendeur artistique de l'argenterie. Ses mains, il les tient éloignées des plats, et les couronnes tombent toutes seules de sa tête. Finalement, il supplia le tyran de le laisser partir, parce que ce bonheur ne l'intéressait plus. Denys pouvait-il montrer plus clairement qu'il n'est aucun bonheur pour qui vit sous le coup d'une terreur perpétuelle ?
Cicéron
