Curtius

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

En 362 av. J.-C., un tremblement de terre secoue Rome et le sol s'entrouvre dans le Forum. La sibylle répond que la crevasse se refermera quand les hommes y auront jeté ce qu'ils possèdent de plus précieux. Aussitôt on déverse des objets de grande valeur. Mais la crevasse reste béante. C'est alors que le jeune patricien Marcus Curtius, imaginant que ce qu'un homme peut avoir de plus précieux est sa propre vie, se précipite dans le gouffre, qui se referme sur lui. Pour sa devotio, il obtient les honneurs réservés aux héros.

Voir aussi : Anchyros

Le sacrifice de Curtius

Un tremblement de terre avait eu lieu à Rome, et le sol s'était entrouvert dans le Forum : un oracle de la sibylle déclara que l'abîme se comblerait, dès qu'on y aurait jeté ce qu'il y a de plus précieux parmi les hommes. Plusieurs s'empressèrent d'y porter divers objets d'une grande valeur ; mais le gouffre ne se ferma pas. Curtius, patricien d'origine, à la fleur de l'âge, d'une beauté parfaite, d'une force extraordinaire, d'une âme énergique et d'une raison supérieure, comprit les paroles de l'oracle, et, s'avançant au milieu de ses concitoyens : « Pourquoi, dit-il, Romains, accuser l'obscurité de l'oracle plutôt que notre ignorance ? Cet objet que nous cherchons et qui nous cause une grande perplexité, c'est nous-mêmes : rien d'inanimé ne doit être préféré à ce qui est animé ; rien de ce qui est dépourvu d'intelligence, de raison ; et de sens ne peut être mis au-dessus de ce qui est doué d'intelligence, de sens et de raison. Que choisir plutôt qu'un homme, pour le jeter dans les flancs entrouverts de la terre et combler cet abîme ? » [...] À ces mots, Curtius revêt ses armes, s'élance sur son cheval de bataille, et, sans montrer la moindre émotion dans ses traits, il se précipite au fond de l'abîme. Au même instant la terre se referme, et Curtius obtient les honneurs réservés aux héros.

Dion Cassius