Cimmériens
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».
Peuple mythique vivant peut-être sur le littoral septentrional du Pont-Euxin (actuelle mer Noire), peut-être aux confins du monde, à l'extrême ouest de l'océan, non loin des Enfers, ou tout simplement entre Baïes et Cumes.
Ces « infortunés » vivent sous les nuages et dans la brume perpétuelle, et ne connaissent pas le soleil. D'après le parcours d'Ulysse, certains auteurs ont localisé la région dans les environs de l'Averne. Ainsi Strabon, qui rapporte la thèse d'Éphore, écrit que les Cimmériens habitent des demeures souterraines (argilles) reliées entre elles par de longues galeries. Ils se nourrissent des produits de la mine et consultent souvent les oracles de leur sanctuaire ; nul ne peut voir le soleil ; ils ne sont autorisés à remonter à la surface de la terre que pendant la nuit. Le peuple des Cimmériens est anéanti par un roi mécontent de l'oracle qu'ils lui ont rendu, et leur sanctuaire est déplacé, à Cumes peut-être.
Homère place dans le pays des Cimmériens la demeure d'Hadès et les fleuves infernaux.
Variante
Les Cimmériens, sur le point d'être envahis par les Scythes, eux-mêmes contraints de fuir les Massagètes, se divisent : le peuple décide d'abandonner le pays sans combattre, tandis que les rois se déterminent à périr sur place. Ensuite, les rois se partagent en deux groupes de force égale, combattent l'un contre l'autre et s'entre-tuent. À leur arrivée, les Scythes ne trouvent qu'un pays vide. Les Cimmériens se dispersent en Asie Mineure où ils conquièrent maints territoires.
« Cimmériens » est à l'origine le nom donné aux Cimbres.
Les Cimmériens
Comme ces Barbares avaient peu de commerce avec les autres peuples, et qu'ils habitaient des pays très éloignés, on ignorait à quelles nations ils appartenaient, et de quelles contrées ils étaient partis, pour venir, comme une nuée orageuse, fondre sur les Gaules et sur l'Italie. Leur grande taille, leurs yeux noirs, et le nom de Cimbres, que les Germains donnent aux brigands, faisaient seulement conjecturer qu'ils étaient de ces peuples de la Germanie qui habitent sur les bords de l'océan Septentrional ; d'autres disent que la Celtique, contrée vaste et profonde, s'étend depuis la mer extérieure et les climats septentrionaux, situés à l'est, jusqu'aux Palus Méotides, et touche à la Scythie Pontique ; que ces deux nations voisines, s'étant unies ensemble, sortirent de leur pays, non en même temps et par une seule émigration ; mais que chaque année, au printemps, elles se mettaient en campagne, et attaquaient les peuples qui se trouvaient sur leur passage. Bientôt, par des conquêtes successives, elles s'étendirent dans tout le continent ; et quoique chaque peuple eût un nom différent, on donnait à toute leur armée celui de Celto-Scythes. Selon d'autres enfin, une portion de ces Cimmériens, qui furent les premiers connus des anciens Grecs, portion peu considérable eu égard à la nation entière, prit la fuite, ou fut chassée de son pays par les Scythes, à la suite de quelque sédition, et passa des Palus Méotides dans l'Asie, sous la conduite de Lygdamis. Les autres, qui formaient la partie la plus nombreuse et la plus belliqueuse de la nation, habitaient aux extrémités de la terre, près de l'océan Hyperboréen, dans un pays couvert partout de bois et d'ombres épaisses, presque inaccessible aux rayons du soleil, qui ne peuvent pénétrer dans ces forêts, si vastes et si profondes qu'elles vont se joindre à la forêt Hercynie. Ils étaient placés sous cette partie du ciel où l'inclinaison des cercles parallèles donne au pôle une telle élévation, qu'il est presque le zénith de ces peuples, et que les jours étant, dans leur plus longue comme dans leur plus courte durée, toujours en égalité avec les nuits, y partagent l'année en deux portions égales : ce qui a fourni à Homère l'idée de sa fable des enfers.
Voilà d'où partirent pour se rendre en Italie ces Barbares appelés d'abord Cimmériens, d'où leur vint ensuite vraisemblablement le nom de Cimbres.
Plutarque
