Cacus

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

1. Fils de Vulcain, le dieu du feu.

Cacus vit dans une caverne située au sommet du mont Aventin, aux détours multiples et si bien cachée qu'elle est difficile à trouver, même pour les bêtes sauvages. C'est un géant qui vomit de sa triple bouche des torrents de flammes. Sa force prodigieuse lui a permis de faire régner sa loi dans la région. Les rayons du soleil ne pénètrent jamais dans sa caverne. Pourtant la terre en est chaude, chaude des nombreuses victimes que le monstre y abat, et dont les têtes tranchées, horribles ornements, s'alignent sur les parois de sa demeure. Les flammes noires qu'il crache épouvantent les habitants de la contrée, toujours recueillis en prières pour leur salut.

Or un jour, comme il s'en revient avec les bœufs dérobés à Géryon, Hercule met le pied sur son territoire. Fatigué, le héros ne tarde pas à s'endormir. Cacus profite de son sommeil pour détacher quatre taureaux et autant de génisses. Afin d'effacer toutes traces, il tire jusqu'à son antre les bêtes par la queue. À son réveil, Hercule se demande pourquoi quelques-unes de ses bêtes mugissent de la sorte. Il comprend bien vite en entendant, comme une réponse, le mugissement étouffé d'une génisse, signalant du même coup sa position. Le sang d'Hercule ne fait qu'un tour. Il saisit sa massue et grimpe rapidement en direction de la caverne. Devant ce colosse au regard farouche, pour la première fois de sa vie Cacus se trouble et prend peur. Il se retire au fond de sa grotte dont il bloque toutes les entrées au moyen d'énormes blocs de pierre. Hercule a beau chercher la faille, rien à faire. La roche, qui ne veut pas céder, se refuse à révéler la moindre ouverture. Comme il s'interroge, et sur le point, peut-être, de renoncer à récupérer ses bêtes, le héros de Tirynthe aperçoit au sommet de la montagne une grosse masse rocheuse qui ne demande qu'à rouler dans la vallée. Un instant plus tard, Hercule est calé derrière ; de ses bras puissants, il la fait dévaler au bas de la pente. Reste un trou noir, désormais béant ; et le soleil bientôt éclaire l'antre de Cacus. D'en haut, Hercule l'accable d'injures. Se sentant pris au piège, le monstre vomit flammes et fumées. Le fils d'Alcmène se jette parmi ces feux dérisoires. Il saisit Cacus entre ses bras et lui casse les reins. Telle est la légende qu'Évandre raconte à Énée. D'après Virgile, encore, un culte est rendu par les saliens à Hercule Purificateur sur l'Ara Maxima, là où paissaient les bœufs du héros.

Cacus est une ancienne divinité du feu propre à la région où Rome a été fondée. Tite-Live rapporte également sa légende. Pour Denys d'Halicarnasse, soucieux de vraisemblance, Cacus n'a rien du monstre ; il n'est qu'un « brigand ».

Variantes

I. Une version evhémériste fait de Cacus l'esclave d'Évandre et supprime tout affrontement physique entre Cacus et Hercule. Durant le règne d'Évandre, arrive dans le Laaum un certain Tricaranus (ou Trecaranus ou Recaranus, ou Garanus), un berger d'une taille gigantesque, d'une grande force, qu'on appelle Hercule car nul ne peut rivaliser avec lui en prestance et en courage. Tandis que ses bœufs paissent près du fleuve Albula, Cacus, un esclave d'Évandre, méchant, rusé, fieffé voleur de surcroît, dérobe quelques-uns des bœufs à Tricaranus et, pour ne laisser aucun indice, il les mène à son antre en les tirant par la queue. S'étant aperçu du vol, Tricaranus parcourt tout le voisinage, explore toutes les cachettes possibles ; mais, finalement, désespérant de retrouver les bêtes manquantes et résigné à accepter sereinement la perte de son bien, il décide de quitter la région. Mais Évandre, homme d'une grande justice, apprenant ce qui s'est passé, fait châtier son esclave et rendre les bœufs à leur propriétaire. (Notons que cette version fait de Tricaranus un héros bien pâle.)

II. Selon Aulu-Gelle, Cacus jeté dans les fers par Tarchon, roi des Toscans (Étrusques), s'échappe, revient chez lui, puis, avec des forces considérables, s'empare des bords du Vulturne et de la Campanie ; mais, ayant osé toucher aux domaines des Arcadiens, il est écrasé par Hercule, qui se trouve alors en ce pays.

2. Peut-être un prince barbare et tyrannique (voir la variante précédente).

Ennemi d'Héraclès, à la tête d'une horde de sauvages qui sèment la terreur dans les populations, il est finalement vaincu et tué, et les terres sur lesquelles il régnait en maître sont redistribuées aux colons ; voilà ce qui fait la renommée d'Héraclès en Italie.