Bacchanales

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

Fêtes nocturnes célébrées par les Romains en l'honneur de Bacchus.
Elles se répandent à Rome à un moment où la religion est chancelante.
Voir aussi : Religion romaine
Rassemblements de très nombreux initiés, qui ont lieu tous les trois ans, ils sont le prétexte à orgies et désordres. Dans les premiers temps, seules les femmes président à cette solennité ; par la suite, lorsque la prêtresse Pacculla Minia initie ses deux fils, les hommes à leur tour y sont admis. Les mystères sont célébrés dans le temple de Bacchus, en son bois sacré, Simila, non loin du Tibre. À Athènes, où les « orgies » (d'un mot grec signifiant « colère », d'où « transe » et « cérémonie à mystères ») sont également célébrées avec beaucoup de solennité, c'est l'archonte qui en règle la forme.
Les participantes errent à moitié nues par monts et forêts, se soûlent et mangent de la viande crue. Les hurlements de douleur des jeunes initiés, entièrement livrés à la sauvagerie des prêtres, sont étouffés par le son d'instruments de musique, comme les cymbales et les tambours. Si l'un de ces jeunes hommes témoigne de quelque pudeur, il est sacrifié et l'on fait disparaître son corps ; cette disparition est ensuite mise par les prêtres sur le compte de Bacchus. Les crimes et les violences, le libertinage le plus parfait, les complots, les délations, parfois les assassinats qui accompagnent ces extravagances, amènent les autorités à prendre des mesures.
Dans un premier temps, les excès sont limités par le consul Spunus Postumius Albinus. Les magistrats locaux reçoivent l'ordre d'interdire au peuple romain, en usant de la force si nécessaire, de participer aux Bacchanales, comme s'il s'agissait de véritables réunions où l'on complote contre la sûreté de l'État ; mais les recommandations précisent que si d'aventure un citoyen romain sent qu'il ne peut renoncer aux Bacchanales, il est libre d'agir à sa guise pourvu que l'autorisation lui en soit donnée par le préteur ou le sénat, et qu'il s'engage à ne pas faire partie d'une réunion de plus de cinq personnes.
Les autorités romaines sont donc bien conscientes des nouveaux besoins religieux de leur peuple : ainsi, chacun finalement est libre d'honorer les dieux qu'il veut, pourvu que la religion de l'État conserve son intégrité. Mais très vite les Bacchanales sont interdites par un décret du sénat, en 186 av. J.-C. Cette abolition provoque un tollé resté célèbre dans l'histoire de Rome. Cependant, sous l'Empire, ces fêtes connaissent un regain d'intensité.