Béotie

La Béotie.
La Béotie.

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

Contrée de la Grèce ancienne limitée au nord par la Phocide et la Locride, à l'ouest par l'Étolie, au sud-est par l'Attique, et séparée de l'Eubée, au nord-est, par un étroit canal.

Thèbes en est la principale ville, théâtre de nombreux mythes (Cadmos, Héraclès, Œdipe). Les montagnes y sont célèbres dans la mythologie : l'Hélicon, demeure des Muses, et le Cithéron, que ravage le célèbre lion, tué par Alcathoos ; mais aussi les fleuves qui l'arrosent : l'Asopos, le Permessos, et le Céphise qui alimente le lac Copaïs.

Les premiers habitants sont les Aones et les Hyantes, de race pélasgique. Béotie et Attique sont alors réunies sous une même appellation : Ogygie. Avec l'arrivée des Phéniciens de Cadmos (1510 av. J.-C.), puis des Minyens venus de Thessalie, la région acquiert une certaine autonomie, et deux États sont ainsi créés ; l'importance d'Orchomène côtoie celle de Thèbes. Si la première cité ne sait conserver sa grandeur, la deuxième n'en finit pas d'accroître la sienne ; néanmoins elle se montre impuissante à grouper toutes les autres villes en un seul État Au xiie siècle av. J.-C., la monarchie est abolie, et les villes forment une ligue, dite « pambéotique », gouvernée par les béotarques qu'on renouvelle chaque année. Les cités les plus importantes sont Platées, Haliarte, Orchomène, Thespies, Tanagre, Anthédon, Coronée et Chéronée.

En 457 av. J.-C., les Athéniens battent les Béotiens à la bataille d'Œnophyta ; Thèbes exceptée, les villes sont contraintes de reconnaître l'autorité d'Athènes. Dix ans plus tard, les Béotiens triomphent des Athéniens emmenés par Tolmidès ; Athènes renonce à sa souveraineté. Après la défaite de Délium, en 424, les espoirs des Athéniens de reconquérir la Béotie semblent définitivement ruinés.

Lors des guerres médiques, Thespies et Platées se signalent par leur dévouement à la cause nationale. Pendant la lutte de Sparte contre Athènes, les Béotiens sont défaits, en même temps que leurs alliés athéniens, par le roi de Sparte, Agésilas, à la bataille de Coronée (394 av. J.-C.). En 338, Thèbes capitule devant la Macédoine, et la Béotie ne s'en remet pas. Soumise par Démétrios Poliorcète en 293, la Béotie finit par obtenir sa liberté cinq ans plus tard, mais son rôle politique est insignifiant. Le déclin amorcé s'achève avec la conquête romaine en 146 av. J.-C. Au ier siècle de notre ère, Thèbes n'est plus qu'une ville en ruine, au habitants rares groupés sur l'acropole. Les Béotiens ont, en Grèce, la réputation d'être stupides. Hésiode, Corinne, Pindare, Épaminondas, Pélopidas, Plutarque, néanmoins, sont des Béotiens.

Les héros béotiens de la mythologie sont : Aganippé ; Alalcomène ; Aristoclée ; Arné ; Asopos ; Athamas ; Béotos ; Cadmos ; Callirhoé ; Charites ; Cithéron ; Cygnos ; Déimachos ; Érythras ; Eucléia ; Glaucos ; Habroté ; Haliarthos ; Harpalion ; Hercyna ; Hippocrène ; Hyas ; Isménos ; Lamos ; Lébéados ; Léitos ; Linos ; Liriopé ; Mégarée ; Minyas ; Narcisse ; Némésis ; Néphélé ; Ogygès ; Orion ; Pénéléos ; Platées ; Potniai ; Rhadamanthe ; Saon ; Sostratos ; Ténéros ; Thespios ; Tychios.

Thèbes et Thébains

La ville est au centre de la région béotienne. Elle a un périmètre de 70 stades [environ 13 kilomètres]. Elle est toute plate, de forme ronde, sur un sol de couleur noire. C'est une antique cité, mais coupée récemment par des rues droites ; car elle a déjà été détruite trois fois, disent les histoires, à cause de l'insolence et de l'ambition de ses habitants. Elle est riche en chevaux : l'eau y abonde ; le pays est verdoyant, accidenté de collines. On y voit plus de jardins qu'en aucune autre ville de l'Hellade. C'est que deux fleuves la traversent et arrosent toute la plaine voisine. De la Cadmée, descendent les eaux captées par une canalisation souterraine, œuvre antique de Cadmos, à ce qu'on dit. Telle est la ville.

Les habitants ont une très haute idée d'eux-mêmes et une foi merveilleuse dans l'avenir ; mais hardis, portés à la violence et à la superbe, leurs coups ne distinguent pas entre l'étranger et le compatriote : ils n'ont nul sentiment du droit. Pour résoudre les conflits d'intérêts, ils n'ont pas recours à la discussion, ils en viennent hardiment aux voies de fait : la brutalité pratiquée dans les jeux gymniques entre athlètes se transforme ainsi en moyen de procédure. Aussi les procès chez eux traînent bien pendant trente ans. Quiconque s'en plaint en public et ne quitte pas immédiatement la Béotie, si court que soit son séjour en ville, ne tarde pas, victime d'un guet-apens nocturne accompli par une main réfractaire aux voies de justice, à être frappé de mort violente. Voilà ce que sont d'ordinaire les hommes. On en rencontre cependant dont le caractère élevé force l'estime et mérite toute affection.

Quant aux femmes, leur taille, leur démarche, le rythme de leurs mouvements, font d'elles les plus gracieuses et les plus élégantes de la Grèce. La partie de leur himation, qui forme voile au-dessus de leur tête, est disposée de telle sorte que le visage semble réduit à un petit masque : les yeux seuls sont à découvert, le reste est caché sous l'himation, que toutes elles portent blanc. Leur chevelure est d'un châtain doré : elles la relèvent en nœud sur le sommet de la tête. Elles ont des bottines minces, basses, étroites, de couleur rouge, lacées de façon à ce que le pied apparaisse presque nu. Leur conversation n'a rien de béotien, mais fait plutôt penser à Sicyone. Leur voix même a beaucoup de charme, tandis que celle des hommes est désagréable et grave.

Héracléidès

La Béotie.
La Béotie.