Aspasie
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».
Fille d'Hermotime.
La naissance d'Aspasie de Phocée coûte la vie à sa mère. Privée des soins qu'elle pourrait en recevoir, elle est élevée durement. Mais, quoique pauvre, elle n'en est pas moins formée à la vertu. Plus d'une fois, un songe lui annonce le changement de sa fortune et lui présage qu'un jour elle sera unie à un homme illustre et vertueux.
Dans son enfance, il lui survient, sous le menton, une tumeur qui la défigure. Le père et la fille en sont tous deux affligés. Hermotime fait voir sa fille à un médecin ; il promet de la guérir... mais à quel prix ! « Je n'ai pas cet argent », répond Hermotime. « Et moi, je n'ai pas de remèdes à vous donner », réplique le médecin. Attristée par cette réponse, Aspasie sort en pleurant. Son image, qu'elle ne cesse de regarder dans un miroir, l'afflige toujours plus. Ce soir-là, elle se couche sans souper. Mais, en songe, elle voit une colombe qui, prenant soudain la figure d'une femme, lui tient ce discours : « Prends courage, Aspasie, et laisse les médecins et leurs remèdes. Fais une poudre de quelques roses sèches des couronnes consacrées à Vénus (Aphrodite) et répands-la sur ton mal. » À peine Aspasie a-t-elle entendu le conseil, qu'elle se lève et se hâte de le suivre. Et sa tumeur disparaît. Ainsi, par la faveur de la plus belle des déesses, Aspasie redevient-elle la plus belle des jeunes filles de son âge.
Un jour, Aspasie, en compagnie de trois jeunes Grecques, est amenée à Cyrus le Jeune, fils de Darius II et de Parysatis, et frère d'Artaxerxès. Non qu'elle l'ait cherché : Aspasie cède à la force, et subit le sort des habitants d'une ville assiégée. Alors que ses compagnes se laissent faire par le Perse, Aspasie se rebelle violemment. S'il plaît à Cyrus de prodiguer des caresses sur les trois Grecques, celles-ci le souffrent tranquillement, voire volontiers. Aspasie, à peine est-elle effleurée du bout d'un doigt, qu'elle se jette en arrière, pousse un cri et profère des menaces, prédisant que de tels actes ne resteront pas impunis. « Voilà, dit Cyrus, la seule des Grecques qui ait une âme noble et pure. Les autres ne sont que des courtisanes. » Il l'aime et Aspasie, ayant appris à mieux connaître l'homme, l'aime à son tour. Bientôt, dans toute l'Ionie, dans tout le Péloponnèse, dans toute la Grèce, on ne parle que de Cyrus et d'Aspasie. Mais un jour, Cyrus part au combat contre son frère Artaxerxès II, et il est tué (en 401 av. J.-C.). Elle devient alors la confidente d'Artaxerxès, son beau-frère pourtant meurtrier de son époux. C'est Cyrus qui l'aurait appelée Aspasie, son nom primitif étant Milto.
