Arion

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

1. Célèbre poète et musicien grec.

Originaire de Lesbos (environ 625 av. J.-C.), Arion de Méthymne passe la plus grande partie de sa vie à la cour de son ami, le tyran de Corinthe, Périandre. La tradition veut qu'il y ait introduit la poésie dithyrambique, vers 612 av. J.-C. Mais le dithyrambe était déjà connu en Crète.

Peut-être pour s'opposer au culte asiatique en vigueur à Lesbos, son île natale, Arion aurait imaginé un chant choral composée de cinquante personnes, déguisées en satyres ou en boucs, et tournant autour de l'autel de Dionysos dont elles célébraient le destin. Le chant perd ainsi de son importance au profit de l'imitation ; les exécutants deviennent un personnage à part entière.

Le mythe s'empare de son voyage en Sicile où Arion se rend afin de participer à un concours de chant et de poésie. Il remporte le premier prix et amasse beaucoup d'argent. Puis, de Tarente, il s'embarque pour Corinthe, chargé de cadeaux. Ces derniers ne manquent pas d'attiser la convoitise des marins ; réunis en cachette, ils préparent l'assassinat d'Arion.

À court de ressources pour leur échapper, et avant de se donner la mort ainsi que le lui ont enjoint les matelots, Arion prie ses bourreaux de lui accorder une dernière faveur : revêtir son costume d'apparat, jouer de la cithare et chanter, debout sur le tillac. Sa complainte est une prière aux dieux. Ensuite, Arion se jette à la mer. Or, fascinés par sa musique et le son de sa voix, quelques dauphins se sont assemblés autour du navire. L'un d'eux met Arion sur son dos et le mène jusqu'au cap Ténare. Arrivé ensuite à Corinthe, Arion relate sa mésaventure à Périandre ; incrédule tout d'abord, le tyran confond ensuite les coupables.

Le temple d'Arion de Méthymne se trouve sur le promontoire du Ténare, face à l'Afrique. Il semble également qu'une statue lui ait été érigé, placée à côté de celle d'un dauphin.

Variantes

I. Les matelots ne demandent pas à Arion de choisir sa mort ; ils ont l'intention de l'assassiner à coups de couteau.

II. L'artiste Arion se produit d'île en île pour gagner sa vie. Ses esclaves, lassés de leur servitude, et avides de liberté, entreprennent de trahir leur maître afin de se partager ses quelques richesses. Ayant éventé leur projet de le jeter à la mer, Arion les prie de lui accorder une ultime faveur : celui de revêtir ses plus beaux habits et d'accompagner sa mort d'une plainte que lui seul est capable de chanter. Ses accents sont si tristes, ses larmes si poignantes que des dauphins font cercle autour du navire. Arion, tout en invoquant les dieux, se jette à l'eau. Un dauphin le recueille et le guide jusqu'aux aux rives du Ténare. Quant aux esclaves, qui se sont crus libres, une tempête les ramène à Ténare également, où leur maître les fait arrêter et supplicier.

III. Arion, maître de cithare fortuné, vit à la cour du roi de Corinthe, Pyranthos, qui l'aime beaucoup. Alors qu'il s'est embarqué pour faire connaître son art à d'autres cités, ses serviteurs, avec des marins, conspirent contre lui. Pendant son sommeil, il reçoit la visite d'Apollon qui lui conseille de chanter et de ne dédaigner aucun secours. Quand, le lendemain, les marins lui font connaître leurs intentions, il leur demande l'autorisation de chanter. Au son de la cithare, des dauphins entourent aussitôt le navire. Arion plonge, grimpe sur le dos d'un dauphin qui le conduit chez son protecteur, Pyranthos. Mais le dauphin, qui s'est porté jusqu'à terre, meurt d'épuisement. Pyranthos fait élever un monument à l'animal. Quand on apprend que le navire des malfaiteurs, poussé par une tempête, a atteint Corinthe, le roi s'emploie à confondre les coupables. Les ayant réunis, il s'enquiert d'Arion ; les criminels répondent que l'artiste est mort et que sépulture lui a été donnée. Mais le roi les convoque à nouveau le lendemain devant le monument du dauphin. Lorsque les marins, le moment venu, jurent que le musicien est mort, ce dernier surgit du tombeau où il s'est dissimulé. Le roi ordonne que les criminels soient crucifiés là même. Apollon fait placer Arion, pour son talent à la cithare, parmi les constellations ; le dauphin y a sa place également, et Zeus lui attribue neuf étoiles.

IV. Arion est beaucoup estimé par Périandre qui l'invite souvent afin de pouvoir l'entendre jouer et chanter. Et le tyran le comble de cadeaux et d'argent. Quand Arion s'estime suffisamment riche, il décide de rentrer chez lui, à Méthymne, pour y dépenser sa fortune. C'est sur le chemin du retour, en mer Égée, que les marins complotent contre lui.

2. Cheval fabuleux, enfanté par Déméter et Poséidon.

Arion est la monture d'Héraclès, qui en fait don ensuite à Adraste. Antimaque de Colophon fait de Gaia la mère d'Arion ; pour Quintus de Smyrne, ses parents sont Harpyie et Zéphyr, les mêmes que ceux des coursiers d'Achille.

Poséidon est le premier à lui passer le mors et à le dompter. C'est un animal fougueux, à la crinière rouge feu, dont la vélocité égale celle des vents, l'Euros et le Notos. Après avoir connu plusieurs maîtres, Arion finit par s'assagir.