Andromaque

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

Épouse d'Hector.
Fille d'Éétion (et peut-être d'Astynomé-Chryséis fille de Chrysès), souverain de la Thèbes de Cilicie (Asie Mineure), Andromaque épouse Hector et devient la mère d'Astyanax, appelé Scamandre par son père qui croit que son fils est un don du fleuve troyen, le Scamandre. Après la prise de Troie, alors que son fils a péri, jeté du haut des remparts sous ses yeux, Andromaque devient l'esclave de Néoptolème, le propre fils du meurtrier de sa famille : Achille.
Voir aussi : Astyanax
Néoptolème emmène Andromaque en Épire où il l'épouse. Quatre enfants naissent : Molossos, Pergamos, Piélos, Amphialos. Quand Néoptolème meurt, tué par Oreste, Andromaque épouse le frère cadet d'Hector, Hélénos, à la demande de la déesse Thétis, et règne sur le peuple des Molosses. Ils ont un enfant, Cestrinos. À la mémoire de son premier mari, auquel sa fidélité demeure intacte, Andromaque érige un somptueux tombeau. La Thébaine meurt en Mysie où son fils Pergamos fonde la ville de Pergame.
Le personnage d'Andromaque incarne l'idéal de l'amour maternel et conjugal, les vertus et les infortunes de la femme aux temps homériques : tendre, respectueuse, douce, effacée.
Variante
Une version tardive établit ainsi la liste des enfants de Priam : Hector, Pâris, Déiphobe, Hélénos, Troïlos, Andromaque, Cassandre, Polyxène.
Andromaque et Molossos
Ménélas et Hermione veulent se débarrasser d'Andromaque ; celle-ci s'est réfugiée dans le temple de Thétis. Ménélas lui donne le choix : où elle sort et elle mourra ; ou elle demeure dans le temple et son fils Molossos périra à sa place. Réplique d'Andromaque :
Hélas ! cruelle alternative ! À quel choix me réduis-tu ! Malheureuse si j'accepte ; infortunée si je refuse ! Ô homme qui te laisses emporter à de tels excès pour une raison futile, écoute-moi. Pourquoi veux-tu me tuer ? Que t'ai-je fait ? Ai-je livré ta ville à l'ennemi, donné la mort à un de tes enfants, incendié ton palais ? J'ai subi la loi de la servitude, et c'est moi que tu veux frapper, et non mon maître, l'auteur de tout le mal ? Tu négliges la cause pour ne t'attacher qu'aux conséquences, si lointaines ! Hélas ! maux effroyables ! Ô ma triste patrie, quelle destinée que la mienne ! Devais-je donc être mère pour que cette souffrance vînt s'ajouter à celles que j'endure ?... Mais pourquoi gémir sur ce mal ancien ? Pourquoi ne pas considérer, ne pas déplorer plutôt mes récents malheurs ? J'ai vu Hector égorgé, emporté par un char dans la poussière ; j'ai vu, ô douleur ! Troie livrée aux flammes ; moi-même, réduite à la condition d'esclave, je me suis vu traîner par les cheveux vers les vaisseaux des Argiens, puis, arrivée à Phthie, j'ai partagé la couche du meurtrier d'Hector. Quel charme puis-je donc trouver à la vie ? Où tourner mes regards ? Vers mes malheurs présents ? Vers ceux qui m'ont accablée dans le passé ? Cet enfant me restait, lumière de mes jours, et ils vont le tuer ; ils en ont décidé ainsi !... Non, non, qu'il ne soit pas la rançon d'une misérable existence ! Car, sain et sauf, il a devant lui l'espérance ; moi, j'ai la honte, si je refuse de mourir pour mon fils. [Elle quitte l'autel de Thétis]. Voyez, j'abandonne l'autel, je me livre à vous : vous pouvez m'égorger, me massacrer, ou me charger de liens, ou me pendre. Ô mon enfant, celle qui t'a donné le jour, pour empêcher que tu meures, va descendre dans l'Hadès ; si tu échappes au trépas, souviens-toi de ta mère, souviens-toi de ce qu'elle a souffert avant de mourir. Quant à ton père, accueille-le par des baisers et par des larmes, et, l'entourant de tes bras, fais-lui connaître mon sort. Car, pour tous les mortels, les enfants, c'est la vie ; celui qui les ignore, et qui blâme mes paroles, a moins à souffrir, mais c'est un triste bonheur que le sien.
Euripide

