Alcinoos

(Variantes : Alcinous)

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

Fils de Nausithoos, ou de Phæax, roi des Phéaciens (un peuple qui vit sur l'île de Schérie) et père de Nausicaa.

À la mort de son frère Rhéxénor, tué par Apollon, Alcinoos épouse sa nièce, Arété. Ce roi se rend célèbre par la paix qui règne dans son palais, par ses jardins magiques aux fruits les plus surprenants, par sa générosité, et par l'hospitalité qu'il accorde aux étrangers. C'est sa fille, Nausicaa, qui recueille le naufragé Ulysse, après que celui-ci a quitté l'île de Calypso. Alcinoos le reçoit dans sa noble demeure et lui offre d'être son gendre ; sans succès.

Alcinoos commande aux Phéaciens d'apprêter un vaisseau afin que l'étranger puisse retourner dans sa patrie, ce qui n'est pas du goût de Poséidon : ce dernier en veut à Ulysse, notamment parce qu'il a aveuglé son fils Polyphème. Puis le roi donne en l'honneur de son invité un superbe banquet et le comble de cadeaux. Devant tant de magnanimité, Ulysse révèle sa véritable identité et fait le récit de ses aventures.

Voir aussi : Ulysse, Arété, Phéaciens

Après le départ d'Ulysse, Poséidon manifeste sa colère contre le navire d'Alcinoos, qu'il pétrifie sur l'océan. Le roi invite alors les Phéaciens à apaiser la colère du dieu, par un sacrifice de douze taureaux.

Suivant une version de la légende, poursuivis par Absyrtos, le fils du roi de Colchide Éétès, Médée et Jason se sont réfugiés également dans l'île de Schérie. Lorsque les Colques lui demandent de leur remettre les fugitifs, la reine Arété fait en sorte qu'ils s'unissent, et ainsi Alcinoos les laisse libres.

Voir aussi : Absyrtos

Le palais d'Alcinoos

Ulysse allait entrer dans la noble demeure du roi Alkinoos ; il fit halte un instant. Que de trouble en son cœur, devant le seuil de bronze ! car, sous les hauts plafonds du fier Alkinoos, c'était comme un éclat de soleil et de lune ! Du seuil jusques au fond, deux murailles de bronze s'en allaient, déroulant leur frise d'émail bleu. Des portes d'or s'ouvraient dans l'épaisse muraille : les montants, sur le seuil de bronze étaient d'argent ; sous le linteau d'argent, le corbeau était d'or, et les deux chiens du bas, que l'art le plus adroit d'Héphaestos avait faits pour garder la maison du fier Alkinoos, étaient d'or et d'argent.

Aux murs, des deux côtés, s'adossaient les fauteuils en ligne continue, du seuil jusques au fond ; sur eux, étaient jetés de fins voiles tissés par la main des servantes. C'était là que siégeaient les doges phéaciens.

Des éphèbes en or, sur leurs socles de pierre, se dressaient, torche en mains pour éclairer, de nuit, la salle et les convives. Des cinquante servantes qui vivent au manoir, les unes sous la meule écrasent le blé d'or, d'autres tissent la toile ou tournent la quenouille, comme tourne la feuille au haut du peuplier ; des tissus en travail, l'huile en gouttant s'écoule ; autant les Phéaciens sur le reste des hommes l'emportent à pousser dans les flots un croiseur, sur les femmes autant l'emportent leurs tisseuses, Athéna leur ayant accordé entre toutes la droiture du cœur et l'adresse des mains. Aux côtés de la cour, on voit un grand jardin, avec ses quatre arpents enclos dans une enceinte. C'est d'abord un verger dont les hautes ramures, poiriers et grenadiers et pommiers aux fruits d'or et puissants oliviers et figuiers domestiques, portent, sans se lasser ni s'arrêter, leurs fruits ; l'hiver comme l'été, toute l'année, ils donnent ; l'haleine du Zéphyr, qui souffle sans relâche, fait bourgeonner les uns, et les autres donner la jeune poire auprès de la poire vieillie ; la pomme sur la pomme, la grappe sur la grappe, la figue sur la figue. Plus loin, chargé de fruits, c'est un carré de vignes, dont la moitié, sans ombre, au soleil se rôtit, et déjà l'on vendange et l'on foule les grappes ; mais dans l'autre moitié, les grappes encore vertes laissent tomber la fleur ou ne font que rougir. Enfin, les derniers ceps bordent les plates-bandes du plus soigné, du plus complet des potagers ; vert en toute saison, il y coule deux sources ; l'une est pour le jardin, qu'elle arrose en entier, et l'autre, sous le seuil de la cour, se détourne vers la haute maison, où s'en viennent à l'eau tous les gens de la ville. Tels étaient les présents magnifiques des dieux au roi Alkinoos.

Homère