Agamède

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

1. Fille du roi d'Élide Augias, et épouse de Moulios.

La blonde Agamède est experte en poisons. Elle est, chez Théocrite, nommée Périmède.

2. Architecte.

Agamède et Trophonios, fils d'Erginos qui règne sur Orchomène, sont deux parmi les plus célèbres architectes de l'Antiquité. On leur doit le temple d'Apollon, à Delphes.

Un jour, le roi Hyria, de Béotie, leur confie la tâche de construire un édifice à toute épreuve, susceptible de contenir ses trésors. Les deux frères voient peu à peu là le moyen de s'enrichir. Ils élaborent un système qui leur permet d'entrer à leur guise dans l'édifice, sans effraction. Chaque nuit ils déplacent un bloc de pierre et s'introduisent dans la pièce au trésor.

Mais le roi Hyria finit par s'apercevoir que ses richesses diminuent. Il appelle Dédale, autre architecte célèbre. Dédale met au point un piège destiné à capturer le voleur. Et bientôt Agamède est pris. Trophonios, de crainte qu'il ne le dénonce, lui coupe la tête et s'enfuit. Sa fuite ne dure guère : il disparaît sous la terre dans le bois de Lébadée, en Béotie.

Quelque temps plus tard, une sécheresse s'abat sur la région. L'oracle de Delphes indique que le fléau cessera lorsque l'endroit où a disparu Trophonios sera retrouvé. C'est en suivant un essaim d'abeilles que les Béotiens identifient la caverne : et Trophonios y déclare en être l'oracle.

Un culte est rendu à [Zeus] Trophonios et son oracle de Lébadée, malgré des rites complexes, jouit d'une grande renommée.

Voir aussi : oracle

Variantes

I. Les deux frères architectes construisent le temple d'Apollon à Delphes ; ils demandent ensuite au dieu de les récompenser de leur effort, en leur offrant ce qu'il peut y avoir de mieux pour un homme. Apollon répond qu'il leur donnera la récompense espérée deux jours plus tard. Au matin du troisième jour, Agamède et Trophonios sont retrouvés morts.

II. Après avoir bâti le temple de Delphes, Agamède et Trophonios réclament leur salaire à Apollon. Le dieu leur répond qu'il les paiera six jours plus tard. En attendant, qu'ils fassent bonne chère ! Les deux architectes obéissent à la consigne. La septième nuit, ils meurent pendant leur sommeil.

Plutarque, cité en référence, poursuit son récit avec cette anecdote à propos de Pindare. Le poète a interrogé l'oracle afin de connaître la nature du bien le plus précieux pour l'homme. La prêtresse lui répond qu'il ne doit pas l'ignorer s'il est l'auteur de la légende concernant Agamède et Trophonios. Elle ajoute qu'il ne tardera pas à le savoir. Pindare suppose alors que sa mort est proche. Et, de fait, il meurt peu de temps après.

III. Le roi Rhampsinite est le plus riche de tous les rois d'Égypte. Pour mettre sa fortune à l'abri, il fait construire une chambre attenante à son palais. Mais l'architecte, en bâtissant l'édifice, se débrouille pour qu'un homme seul soit capable de déplacer l'une des pierres et, ce faisant, puisse pénétrer dans la pièce bientôt emplie par le trésor royal. Sur son lit de mort, il confie à ses deux enfants comment, s'ils suivent ses instructions, ils pourront, le reste de leur existence, vivre dans l'opulence.

Les deux fils, qui n'ont manifestement pas de scrupule à voler leur souverain, exécutent à la lettre les consignes de leur père, nuit après nuit. Le roi ne manque pas de remarquer que le volume de ses biens se réduit ; il en est d'autant plus surpris qu'aucune trace d'effraction n'est visible. En grand secret, il fait disposer des pièges, judicieusement, autour de vases qui débordent de pierres précieuses. À l'obscurité tombée, lorsque l'un des voleurs s'approche du vase, le piège se referme sur ses jambes et l'immobilise. Vite, il appelle son frère. Mais l'étau est trop puissant pour la force d'un homme, voire de plusieurs. Le prisonnier conjure alors son frère de lui couper la tête : reconnu par le roi, il sera mis à mort et son frère sera démasqué à son tour. Une victime est préférable à deux. Le frère suit le conseil ; puis il retourne chez lui avec la tête de son frère dans un sac.

Le lendemain, la surprise du roi est encore plus grande : qui a décapité cet homme ? Comment est-on entré et sorti de cette chambre ? Il vient alors à Rhampsinite l'idée d'exposer le cadavre sur la place publique, et de poster des sentinelles ; elles reçoivent l'ordre d'arrêter quiconque semble éprouver quelque chagrin à ce spectacle. La mère du voleur, à qui on a rapporté le fait, ordonne à son fils d'imaginer une ruse pour ramener le corps de son frère.

Le survivant, après s'être longuement interrogé, pousse ses ânes sur la place, qu'il a chargés d'outres de vin. Proche des sentinelles, il fait en sorte que ses outres se répandent à terre, et que ses bêtes, comme affolées, trottent dans toutes les directions. Cette scène ne manque pas d'amuser les hommes de garde, d'autant que l'individu feint à merveille l'exaspération. Enfin, de propos en propos, l'un et les autres se lient de sympathie, et les outres sont bientôt vidées. La nuit venue, lourdes de vin et de sommeil, les sentinelles s'endorment. Le jeune homme détache le corps de son frère et le ramène auprès de sa mère.

La première irritation passée, le roi, qui veut avoir le dernier mot, fait appeler sa fille. Après lui avoir détaillé l'affaire, il lui commande de se faire passer pour une prostituée ; elle livrera ses charmes à qui saura lui conter une merveilleuse histoire de voleur. Or ce dernier, décidément malin, apprend on ne sait comment la ruse du roi. Un soir, il coupe le bras d'un homme qui vient de mourir et, après l'avoir caché sous son vêtement, il rend visite à la prostituée dans sa chambre. Comme à tous, la princesse lui demande quel grand crime il a commis. Le jeune voleur avoue avec beaucoup de naturel qu'il s'est emparé du trésor royal, qu'il a coupé la tête de son frère, puis qu'il a su tromper la vigilance des gardes. À ces mots, la jeune fille cherche à le retenir. Mais dans l'obscurité, le voleur tend à la jeune femme le bras qu'il a coupé et s'enfuit par la fenêtre en riant aux éclats.

Lorsque le roi apprend cette nouvelle aventure, sa colère cède la place à l'émerveillement : tant d'ingéniosité, tant d'audace n'ont pas d'équivalents. Il fait proclamer par un héraut public qu'il accorde son pardon à cet homme. Le voleur se fait alors connaître. Rhampsinite lui renouvelle son admiration et lui donne sa fille en mariage.