Éros

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

Divinité du désir amoureux.
Éros est une divinité primordiale extrêmement puissante, qui n'a ni père, ni mère, qu'Aristophane fait naître d'un œuf non fécondé ; sa naissance, selon Hésiode, se situe immédiatement après celle du Chaos (dont il est le fils, selon certains), simultanément à celle de la Terre et du Tartare.
Cela dit, on lui reconnaît tout de même quelques géniteurs : Zeus, Hermès, d'Héphaïstos, Zéphyr, Arès ( !)
Éros est le principe qui attire les opposés – le masculin et le féminin, le blanc et le noir – et qui les unit pour former une seule entité parfaitement homogène. Cette force attractive s'exerce sur les mortels, les dieux et les éléments de la nature. Éros incarne l'harmonie, la plénitude, la force créatrice universelle.
À l'époque classique, Éros passe pour le dieu de l'amour et on l'assimile au Cupidon des Romains, avec lequel, toutefois, il ne doit pas être confondu. Si, selon les versions précédemment citées, son père peut être Zeus, Hermès ou bien encore Arès, sa mère est Aphrodite qui fait de lui son compagnon, instrument indispensable de séduction au rapprochement des futurs époux. Mais Aphrodite elle-même n'est pas à l'abri d'Éros, dont le pouvoir la fait aimer le mortel Anchise. Éros est un compagnon rebelle et indépendant ; Aphrodite ne reconnaît-elle pas, devant Athéna et Héra, que son propre enfant ne se préoccupe guère d'elle, qu'un jour même, pour avoir voulu briser son arc et ses flèches, elle s'est attiré ses menaces ?
La perpétuation de l'espèce humaine
Après l'impiété commise par Otos et Éphialtès à l'égard d'Arès, Zeus et les autres dieux tiennent conseil sur ce qu'ils doivent faire.
Voir aussi : Éphialtès
Ils sont très perplexes : doivent-ils se résoudre à exterminer les hommes, en les foudroyant comme les Géants ? Mais en ce cas, ils se privent eux-mêmes des sacrifices et des honneurs humains auxquels ils tiennent tant. D'un autre côté, ils ne peuvent admettre aucune révolte de leur part. Finalement Zeus, après mûre réflexion, déclare : « Je crois que j'ai trouvé le moyen pour que la race des hommes, tout en continuant à exister, devienne plus faible, ce qui nous mettra à l'abri de toute outrecuidance. Je vais couper chaque mortel en deux et ainsi je ferai d'une pierre deux coups : non seulement les hommes seront plus faibles, mais ils seront plus utiles parce que plus nombreux. Et ils marcheront sur deux jambes. Et si jamais ils continuent à nous enquiquiner, je les couperai de nouveau en deux et ils marcheront cette fois à cloche-pied. » Après quoi, Zeus coupe les hommes en deux, laissant à Apollon le soin de leur courber la tête vers le ventre, pour leur apprendre l'humilité, et de soigner les blessures occasionnées par l'opération. Chaque moitié, prise du désir de la partie manquante, part à sa recherche ; quand les deux moitiés se retrouvent, elles se jettent l'une sur l'autre, jusqu'à se confondre, ne voulant plus se quitter, et ainsi elles meurent de faim. Mais si une seule meurt, la survivante cherche une autre moitié, d'homme ou de femme et, l'ayant rencontrée, s'y accroche, et toutes deux périssent. Zeus ne reste pas indifférent et trouve la solution. Jusqu'alors, les humains avaient leurs organes reproducteurs derrière et, pris de désir, ils s'accouplaient avec la terre comme les cigales ; Zeus les place alors devant, de manière à rendre possible la perpétuation de l'espèce ; et au cas où un homme tomberait sur un homme, tous deux pourront demeurer ensemble et s'occuperont des autres devoirs de la vie. C'est pourquoi, depuis ce moment, l'amour réciproque est chose innée chez les hommes.
Les diverses représentations d'Éros
Elles sont variées. Il est tout d'abord un jeune homme ailé d'une grande beauté, aux yeux bandés, armé d'un arc et de flèches avec lesquelles il transperce... aveuglément les cœurs. Plus tard – et c'est la représentation qui s'impose –, il devient un enfant aux formes parfaites, ailé ou non. Il a le teint couleur de feu, son nez est camus, signe de son caractère lascif. L'iconographie hellénistique le représente souvent avec les attributs d'Héraclès, massue et peau de lion. L'un des temples les plus célèbres dédiés à Éros se trouve à Thespies, en Béotie, à l'ouest de Thèbes.
Comble de l'absurde ? Éros succombe à son propre pouvoir lorsqu'il rencontre Psyché.
Voir aussi : Psyché
Éros et Zeus
Éros. Oui, si j'ai commis quelque faute, pardonne-moi, Zeus : je suis encore un enfant, et je n'ai pas l'âge de raison.
zeus. Toi, Éros, un enfant ! mais tu es plus vieux que Japet. Parce que tu n'as ni barbe, ni cheveux blancs, est-ce une raison pour dire que tu es un enfant ? non ; tu es un vieillard, et un vieillard malin.
Éros. Et quel grand mal t'a donc fait ce vieillard, comme tu dis, pour que tu songes à l'enchaîner ?
zeus. Vois, petit misérable, si ce n'est pas un grand mal que de m'insulter à ce point, qu'il n'y a pas de forme que tu ne m'aies fait prendre ! satyre, taureau, or, cygne, aigle. Tu n'as rendu aucune femme amoureuse de moi-même, et je ne sache pas que par toi j'aie su plaire à quelqu'une : il faut, au contraire, que j'use d'enchantements avec elles, et que je me cache : il est vrai qu'elles aiment le taureau, ou le cygne ; mais si elles me voyaient, elles mourraient de peur.
Éros. C'est tout naturel, Zeus ; elles sont mortelles, elles ne peuvent donc pas supporter ta vue.
zeus. Comment donc se fait-il qu'Apollon soit aimé de Branchos et d'Hyacinthe ?
Éros. Oui ; mais Daphné l'a fui, malgré ses beaux cheveux et son menton imberbe. Si tu veux devenir aimable, n'agite plus cette égide, ne porte plus cette foudre, rends-toi charmant, les cheveux tombant en boucles des deux côtés, et rattachés avec un bandeau ; prends une robe de pourpre, mets des chaussures d'or, marche en cadence au son de la flûte et des tambours, et tu verras s'avancer sur tes pas une troupe plus nombreuse que les ménades de Dionysos.
zeus. Fi donc ! je ne puis me décider à prendre, pour être aimable, un pareil accoutrement.
Éros. Eh bien alors, Zeus, renonce à aimer : c'est plus facile.
zeus. Non pas : je veux aimer, mais jouir plus commodément de mes amours, et ce n'est qu'à cette condition que je te laisse partir.
Lucien

