transposition

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Exercice consistant à copier ou à exécuter un morceau dans un autre ton que celui où il est écrit ou proposé ; ou encore, si le morceau n'a pas de tonalité propre, à en changer la hauteur absolue en haussant ou baissant toutes les notes d'un même intervalle, ce qui n'en modifie pas la signification en hauteur relative.

La transposition peut être écrite ou à vue. Elle se pratique soit d'instinct (retrouver une sonorité donnée à partir d'une note de départ différente), soit par divers procédés mécaniques. Les deux principaux sont la transposition par intervalles, consistant à hausser ou baisser chaque note d'un même intervalle déterminé, et la transposition par les clefs, consistant à lire ou copier le modèle dans une autre clef que celle qu'il comporte. Ce dernier procédé est généralement préconisé par les méthodes scolaires, mais il suppose en cours de route des modifications d'altérations qui en certains cas peuvent devenir complexes, et de ce fait il requiert un certain entraînement.

Certains instruments écrivent ou lisent systématiquement dans un ton autre que celui entendu : on les appelle instruments transpositeurs. La seule justification de ce système barbare tient au fait que certains instruments d'une même famille (par exemple le hautbois et le cor anglais) utilisent le même doigté pour produire des sons de hauteurs différentes. En reproduisant sur l'instrument accessoire les sons produits par le même doigté appliqué à l'instrument principal, l'écriture transposée complique la lecture, mais facilite le doigté.

Cette raison n'existe pas pour d'autres instruments, qui ne sont transpositeurs qu'en vertu d'une convention gratuite attribuant la note ut, dans les instruments à vent, au son produit par le tube vibrant à l'état fondamental. Si ce son n'est pas un véritable ut, on doit, pour lire en « ton réel », transposer le ton écrit de l'intervalle qui sépare la note ut du ton de l'instrument, dont il faut en outre savoir s'il transpose au grave ou à l'aigu. Soit, par exemple, un cor en fa (grave) : il y a en descendant (puisque l'instrument transpose au grave) une quinte d'ut à fa : il faudra donc tout transposer d'une quinte descendante, et lire par exemple un do3 si on voit un sol3. Pour une petite clarinette en mi bémol (aigu), ce sera le contraire : il faudra prendre en montant l'intervalle entre ut et mi bémol, et transposer d'une tierce mineure à l'aigu, par exemple lire fa si on voit ré.

Jusque vers 1920, les partitions d'orchestre reproduisaient pour tous ces instruments l'écriture tranposée, ce qui rend certaines partitions à peu près illisibles sans un entraînement spécialisé. Aujourd'hui, la plupart des compositeurs écrivent en ton réel sur leurs partitions les parties d'instruments transpositeurs, mais comme les exécutants n'ont pas renoncé à ce mode de lecture, le copiste se charge de tranposer pour eux en « tirant » le matériel, de sorte que le chef d'orchestre n'a pas sous les yeux les mêmes notes que les instrumentistes sur leurs pupitres.

Ce système aussi compliqué qu'absurde ne cesse de poser des problèmes constants tant dans la pratique que dans la pédagogie des instrumentistes concernés. Il est d'autant moins défendable, hormis les cas signalés plus haut, que pour la plupart des instruments, notamment les clarinettes et les cors, la facture est aujourd'hui à peu près standardisée (clarinettes en si bémol, cors en fa), si bien que rien ne s'opposerait à la disparition de ces inutiles complications, sinon une routine qu'il semble bien difficile de vaincre.