te deum

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Cantique terminal de l'office de matines, utilisé depuis le xviie siècle au moins comme cantique d'action de grâces pour célébrer tout événement officiel de caractère heureux : victoires militaires, naissance ou mariage de princes, etc.

Attribué à divers auteurs, dont le plus probable est l'évêque Nicétas de Remesiana (Yougoslavie) au début du ve siècle, il comporte plusieurs parties dont seule la première est un hymne de louanges, la suite s'infléchissant vers la crainte et la supplication ; mais l'éclat de cette première partie a fait oublier le caractère des suivantes, et le Te Deum a fini par supplanter le Christus vincit carolingien comme chant officiel de gloire et d'action de grâces.

Ce transfert a probablement été favorisé par le fait que les mystères de la fin du Moyen Âge, qui se jouaient sur la place publique, avaient conservé de leur origine de drame liturgique, placé alors à matines avant le chant du Te Deum liturgique, l'habitude de placer ce chant en conclusion de leurs fastueuses représentations. On s'est ainsi habitué à le considérer comme un hymne de remerciement au ciel à la suite de quelque événement mémorable.

Au sacre des rois de France, le Te Deum était de rigueur, mais il y était toujours chanté en plain-chant, non en polyphonie. Il n'en a pas moins été fréquemment traité par les compositeurs ; c'est un verset du Te Deum (Tu Patris) qui, au ixe siècle, est choisi par la Musica Enchiriadis pour servir de support aux premiers exemples de polyphonie de notre histoire. Haendel n'a pas écrit moins de cinq Te Deum, dont le plus connu est celui pour la victoire de George II à Dettingen (1743). C'est au Te Deum de Marc-Antoine Charpentier (1703) que l'Eurovision a longtemps emprunté son indicatif. Parmi les Te Deum les plus célèbres, on cite ceux de Lully (1664), Purcell (1694), Haydn (v. 1800), Berlioz (1849), Bruckner (1884), Verdi (1898), etc., et c'est par un Te Deum de Gossec que fut célébré en 1790 l'anniversaire de la prise de la Bastille au Champ-de-Mars pour la fête de la Fédération.

Marc-Antoine Charpentier, Te Deum en ré majeur : Prélude
Marc-Antoine Charpentier, Te Deum en ré majeur : Prélude