sérénade

(du lat. serus, « tardif »)

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

D'une façon très générale, le terme signifie « musique du soir », par opposition à aubade, « musique de l'aube ». Au sens strict, la sérénade est un concert de voix et d'instruments donné la nuit, en plein air, sous les fenêtres de quelqu'un (précisément d'une femme), pour lui rendre hommage : ainsi la sérénade chantée par Don Giovanni accompagnée d'une mandoline au début du second acte de l'opéra de Mozart. Le même type, sous le nom allemand de Ständchen, se retrouve chez Schubert, soit pour voix et piano (cf. la célèbre Sérénade D.957 no 4 sur des paroles de Rellstab), soit pour voix de femme et quatuor vocal (D.920). À la fin du xvie siècle, le terme serenata désigne certaines œuvres vocales, et, au xviie, des œuvres vocales et instrumentales à caractère de célébration. Heinrich Ignaz Biber l'appliqua à des pages instrumentales (Sérénade du veilleur), et cette destination instrumentale tendit à dominer au xviiie siècle. Mais, pour des théoriciens comme Johann Gottfried Walther, Schiebe, Marpurg ou Quantz, le terme de « sérénade » ne vaut encore que pour une composition vocale de cour destinée au théâtre ou à la « chambre », et un « opéra » tel qu'Ascanio in Alba de Mozart (1771) eut comme appellation d'origine serenata teatrale. De même, Bach avait composé une Serenata (BWV 173 A) pour l'anniversaire du prince de Coethen.

Dans le domaine instrumental, on employa souvent indistinctement, au xviiie siècle, les termes divertimento, cassation, nocturne ou sérénade pour qualifier la même œuvre. Mais, en particulier avec Mozart, le terme « sérénade » tendit à s'appliquer plus spécifiquement à des œuvres en plusieurs mouvements pour grand orchestre ­ et non pour petites formations ou pour formations de chambre, ce point est important ­ conçues pour des occasions spéciales. De cette catégorie relèvent plusieurs partitions en 7 ou 8 mouvements (dont 2 ou 3 mouvements avec un ou plusieurs instruments solistes et formant une sorte de concerto intercalaire) écrites par Mozart à Salzbourg : sérénades Andretter, Colloredo, Haffner, Posthorn.

Mais, à partir de 1780, la promotion de la symphonie, également pour orchestre, devait barrer la route au genre plus relâché de la sérénade pour orchestre. La sérénade instrumentale devint alors chez le Mozart des années viennoises (K.388 en ut mineur pour instruments à vent, K.525 Petite Musique de nuit), puis chez le jeune Beethoven (cf. opus 8 pour trio à cordes, opus 25 pour flûte, violon et alto) une œuvre plus confidentielle et tendre, relevant de la musique de chambre ou s'en rapprochant. Il survécut néanmoins sous diverses formes au xixe siècle et, même, au XXe (sérénades op. 11 et op. 16 de Brahms ; sérénades pour cordes op. 22 et pour vents op. 44 de Dvořák ; sérénade pour cordes op. 48 de Tchaïkovski ; sérénade pour vents op. 7 de Richard Strauss ; sérénades pour violon et orchestre op. 69 de Sibelius ; sérénade pour flûte, violon, alto, violoncelle et harpe op. 30 de Roussel).

Hugo Wolf, Sérénade italienne en sol majeur
Hugo Wolf, Sérénade italienne en sol majeur
Richard Wagner, Siegfried Idyll
Richard Wagner, Siegfried Idyll
Wolfgang Amadeus Mozart, Sérénade n° 13, « Une Petite Musique de Nuit », KV 525 (finale. Rondo : allegro)
Wolfgang Amadeus Mozart, Sérénade n° 13, « Une Petite Musique de Nuit », KV 525 (finale. Rondo : allegro)