passion

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Chant, au cours de l'office, de l'Évangile relatant la Passion du Christ durant la semaine sainte.

Dès le xe siècle, ce chant revêtit une solennité particulière en utilisant des timbres de récitation différents de ceux des Évangiles ordinaires ; au xve siècle s'introduisit la coutume de récitations dramatiques, où le rôle du Christ était chanté par le prêtre, l'évangéliste narrateur par le diacre, les autres personnages (turba, dite familièrement « canaille »), par le sous-diacre. À partir du xve siècle, ce dernier rôle fut parfois confié à la maîtrise, et donna lieu à des compositions polyphoniques d'abord simples (faux-bourdons), puis de plus en plus développés (passion-répons). Au début du xvie siècle, on écrivit en polyphonie non plus seulement la partie de turba, mais le récit entier, dont le texte fut souvent reconstruit par centonisation (passion-motet).

La réforme luthérienne transporta ces différents genres en langue allemande, et, peu à peu, s'y adjoignirent des cantiques en intermède (chorals), des chœurs d'introduction et de conclusion, plus tard enfin des ariosos ou des arias traduisant la méditation du chrétien devant les faits évoqués (passion-oratorio). L'orchestre s'y étant joint, la passion devint ainsi chez les réformés du xviiie siècle tantôt une sorte de cantate agrandie encadrant comme celle-ci le sermon des vêpres (Passions de Bach), tantôt un oratorio sur modèle théâtral (Passions de Haendel), tandis que les catholiques (cf. A. Scarlatti) s'en tenaient à la seule récitation évangélique.

Parmi les nombreuses passions écrites du xvie au xviiie siècle, les plus connues sont sans doute celles de Victoria (passion-répons à récitatif liturgique), de H. Schütz (passion-répons à récitatif composé) et surtout de J.-S. Bach. Ce dernier, outre ses deux célèbres Passion selon saint Jean (1724) et Passion selon saint Matthieu (1729), a écrit au moins deux autres passions, dont l'une, selon saint Marc, est un arrangement de cantates sans grand intérêt, et l'autre, sur un texte libre de Picander conservé, est malheureusement perdue. Une cinquième passion, selon saint Luc, est parvenue jusqu'à nous ; elle est médiocre et très probablement apocryphe.

Au xixe siècle, la passion a cessé de former un genre musical particulier, et les rares passions écrites depuis lors (Jean Langlais, Frank Martin, Krzysztof Penderecki), ne se distinguent en rien, sinon par leur sujet, des oratorios de concert habituels.