pédale

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

1. Levier existant sur certains instruments et qui s'actionne avec le pied, permettant d'accomplir certaines opérations sans interrompre le jeu avec les mains. Sur l'orgue, la pédale peut servir à faire sonner des tuyaux graves (c'est le pédalier, qui est un clavier de pédales plus ou moins fourni) et aussi à opérer certains changements de registration (accouplement, par exemple). Sur le piano, elle sert à agir sur le timbre et la résonance (pédale « forte » qui éloigne les étouffoirs des cordes, et ainsi prolonge la résonance et augmente l'intensité ; pédale « douce », ou « sourdine », qui déplace le marteau par rapport à la corde ­ ou inversement ­ pour ne lui faire frapper qu'une ou deux cordes, d'où atténuation du timbre et de la résonance ; une troisième pédale, dite « tonale » ou « de prolongation », équipe certains grands pianos, servant à prolonger certains sons et non les autres). Sur la harpe moderne, plusieurs pédales permettent de faire les altérations chromatiques en modifiant la tension des cordes. Sur de grands clavecins de fabrication moderne, la pédale sert à enclencher des registres. Les instruments électrifiés ou électroniques comportent souvent des pédales permettant de modifier le timbre d'une manière continue (pédale « wah-wah » sur les guitares électriques). Les timbales modernes en ont pour établir ou faire varier l'accord, etc.

2. Dans le vocabulaire de l'harmonie, la pédale est une note tenue longuement à l'une des parties, cependant que les autres parties continuent d'évoluer, produisant des accords qui peuvent créer avec elle des dissonances assez dures, ou bien au contraire l'intégrer à leur harmonie globale. Ce procédé est issu des instruments tels que la cornemuse ou la vielle à roue, qui émettent un « bourdon » sur les notes de tonique et de dominante. Mais son nom lui vient de l'orgue, car c'est une touche de pédalier qui servait sur cet instrument à tenir des notes à la basse. La pédale est en effet couramment une note de basse, sur la tonique ou la dominante du ton, servant à l'affirmer ou à le réintroduire. Ainsi, la musique classique utilise couramment des pédales de dominante aux moments « stratégiques » de certaines formes, pour préparer notamment la rentrée du ton principal (fin d'une fugue, fin du développement, dans une forme sonate, avant la réexposition)… Dans les genres lyriques et scéniques, la pédale est souvent utilisée pour son effet dramatique de « suspension du temps » (pédales de basse dans le début du récit de Wotan à Brünnhilde, au deuxième acte de la Walkyrie). Par extension, Olivier Messiaen a appliqué le terme à la répétition textuelle et systématique d'une brève formule mélodique, rythmique, ou harmonique (ce que l'on nomme aussi parfois « ostinato »), procédé qu'il a employé assez souvent dans ses œuvres (Quatuor pour la fin du temps).