noëls pour orgue
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».
À la fin du xviie et durant tout le xviiie siècle, les organistes français eurent coutume d'improviser et d'écrire des variations sur des thèmes populaires de chansons de Noël. Le thème lui-même était d'abord exposé une première fois, accompagné de façon très simple ; puis des variations successives le reprenaient, en mettant en valeur les ressources sonores de l'orgue et la virtuosité de son exécutant. Les thèmes de noëls véhiculaient avec eux toute la saveur, essentiellement rustique, de la fête et du temps de Noël, la principale fête de l'année, et les organistes ne manquaient pas de glisser dans leurs variations des effets d'échos agrestes ou des imitations d'instruments pastoraux. Cette évocation, jointe au plaisir admiratif suscité par les prouesses des virtuoses, explique la vogue considérable dont ont joui ces œuvres, à l'éloquence parfois un peu creuse. Certains musiciens se sont fait une spécialité du noël pour orgue, et ont reçu de ce fait le nom de « noélistes ». Lebègue est le premier à avoir composé des noëls pour orgue (publiés dans son 3e Livre d'Orgue, 1685 ?). Peu après, Gigault est le premier à consacrer un recueil exclusivement à des noëls (Livre de noëls variés, 1682). Après Raison, Dornel, Pierre et Jean-François d'Andrieu, c'est Louis-Claude d'Aquin qui apparaît comme le maître du genre, avec son Nouveau Livre de noëls pour l'orgue et le clavecin, dont la plupart peuvent s'exécuter sur les Violons, Flûtes, Hautbois, etc. (v. 1740), dont les douze pièces demeurent les plus populaires.
Le genre se poursuivra avec des musiciens de moindre talent, Michel Corrette, Balbastre et, à la fin du siècle, Beauvarlet-Charpentier, Lasceux et Séjan.