nay ou ney
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».
Flûte oblique orientale (arabo-irano-turque).
La flûte oblique orientale, nay ou ney, est un instrument très ancien, dont le nom provient du mot persan ney (roseau). Son essor est lié à celui de la civilisation islamique au sein de laquelle le nay est un instrument traditionnel à la fois populaire, savant et sacré. Il exprime alors aussi bien la rêverie du berger, le raffinement esthétique classique ou le souffle mystique des derviches, soufis et initiés de diverses congrégations de l'Islam, dont les « mevlevis-tourneurs » de Turquie.
Le nay arabe est constitué d'un simple roseau ouvert aux deux extrémités, dépourvu d'embouchure ou d'encoche, dont les caractéristiques sont constantes et indépendantes de la dimension, du timbre ou du registre. Le roseau doit être, de préférence, constitué de neuf segments séparés par huit nœuds. Un trou postérieur est percé à mi-longueur, soit dans le cinquième segment, et six trous antérieurs répartis en deux groupes similaires de trois sont percés dans les sixième, septième et huitième segments. Le ney turc comporte une embouchure en ivoire, en os, ou en écaille et quelques bagues de décoration. Le ney iranien comporte souvent une « embouchure » de métal qui en facilite le jeu.
Les flûtistes orientaux, pour éviter les transpositions par les doigtés, disposent en général d'une bonne dizaine de nay, dont chacun donne un fondamental et un registre différents. Ils peuvent ainsi transposer en conservant leurs doigtés et jouer de concert avec différents instruments et chanteurs. Pour jouer du nay, on dispose l'extrémité supérieure contre sa lèvre inférieure (parfois ses dents en Iran), et on incline la tête et le roseau selon deux obliquités différentes. Le souffle se brise sur l'extrémité supérieure et donne le son.
Le fondamental et les divers degrés (trois octaves moins une note) sont obtenus par la disposition des doigts et la force du souffle qui donne la quinte et les deux octaves des notes graves. Les mini-intervalles dépendent de l'inclinaison relative tête-roseau et de l'obturation partielle des trous. La maîtrise du nay est donc le fruit d'une longue expérience.
Le timbre du nay, voilé et blessé, doit être respecté. Il est symbolique du souffle vital. Les inflexions sont riches en harmoniques et provoquent des effets dépassant la mélomanie conventionnelle, d'où les succès actuels des nay et ney.