musique maçonnique
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».
Fondée en Angleterre, au début du xviiie siècle, sur des bases philosophiques de fraternité humanitaire qui n'ont évolué que tardivement, et dans certains pays seulement (en France notamment), vers l'activité politique et l'anticléricalisme, la franc-maçonnerie a connu sans tarder un tel développement dans toute l'Europe qu'il est devenu impossible de continuer, comme on en avait pris l'habitude, à la passer sous silence dans les histoires de la musique. Presque tous les grands compositeurs du xviiie siècle (Rameau, Haydn, Mozart, Gluck) et du xixe (Beethoven, Schubert, Liszt, Wagner) ont été soit francs-maçons, soit influencés par les idées maçonniques. On en trouve de nombreux échos dans leur œuvre, soit en gros plan (la Flûte enchantée, Parsifal), soit plus discrètement (la Création de Haydn, certains quatuors de Beethoven, le Voyage d'hiver de Schubert). En outre, plusieurs d'entre eux, et notamment Mozart, ont écrit pour les cérémonies de loge des musiques de circonstance (cantates, marches, musiques funèbres, etc.) reconnaissables à leur style et à leur composition instrumentale, riche en instruments à vent et surtout à anches (clarinettes, cors de basset, bassons), ces ensembles étant particulièrement employés dans les réunions de loge sous le nom de colonnes d'harmonie. Le secret qui jadis couvrait ces activités avait longtemps fait obstacle à la connaissance de l'apport maçonnique à la musique ; sans avoir été entièrement abrogé, il est devenu aujourd'hui moins rigoureux, et permet d'en aborder une étude qui n'est encore qu'à ses débuts.