mezzo-soprano

(ital. ; « à demi soprano »)

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Catégorie vocale féminine située entre le soprano et le contralto.

Si l'on considère que la voix chantée féminine se répartit essentiellement en deux types extrêmes, l'alto et le soprano, le mezzo-soprano apparaît comme une catégorie intermédiaire, assez tardive à s'imposer (→ CONTRALTO), et rendue plus nécessaire lorsque la raréfaction des castrats entraîna une reconsidération totale des tessitures vocales. À la fin du xviiie siècle, le mezzo-soprano était essentiellement un soprano grave, employé principalement dans l'opéra semi-seria (notamment pour incarner des adolescents masculins, comme le Chérubin des Noces de Figaro) et dans les comédies sentimentales (cf. Nina, dans l'opéra de Paisiello, Fidalma dans le Mariage secret de Cimarosa). Avec Rossini et ses successeurs immédiats, au début du xixe siècle, la suprématie du contralto laissa le mezzo-soprano en retrait, mais le romantisme, dont l'écriture vocale avait entraîné un déplacement de toutes les tessitures vers l'aigu, favorisa à nouveau cette voix (étendue si bémol2 – si bémol4, voire la2 – si4), qui incarna les amantes malheureuses, jalouses, les mères, les sorcières, notamment dans les opéras de Verdi (Azucena, Amneris), de Wagner (Ortrud, Vénus), de Massenet (Hérodiade), etc. Les cantatrices authentiquement douées de ce type vocal embrassent à la fois soit les répertoires de mezzo-soprano et de contralto, soit ceux de mezzo-soprano et de soprano, de nombreux rôles étant eux-mêmes intermédiaires entre ces deux dernières catégories : chez Berlioz les rôles de Marguerite et de Didon ; ceux de Kundry, Charlotte, Marina, de nombreux emplois dans les opéras de Richard Strauss, et, en général, dans l'opéra allemand, l'école germanique (→ CHANT) ne faisant pas appel à un clivage aussi strict que celui des écoles latines. Pour nous limiter au xxe siècle, citons d'authentiques mezzo-sopranos tels que E. Stignani, G. Simionato, M. Klose, R. Gorr, cependant que, dans une époque plus récente, s'affirme de plus en plus souvent leur osmose avec les emplois de soprano (C. Ludwig, T. Berganza, F. Cossotto, G. Bumbry, S. Verrett, etc.). Il est à noter que, au contraire du contralto dont le registre grave opulent est volontiers sollicité par les compositeurs, c'est l'aigu très brillant du mezzo-soprano qui est requis par les compositeurs et apprécié du public. La voix de mezzo-soprano se prête aussi au théâtre aux rôles travestis, au concert à l'interprétation du lied, et, notamment au disque, à l'interprétation des rôles écrits naguère pour les castrats.