menuet

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Danse d'origine française de rythme ternaire et de tempo plutôt lent.

Ses origines restent discutées. La théorie la plus courante, selon laquelle il descendrait du branel de Poitou et son nom du vocable menu ou mener (« branel à mener »), est actuellement remise en question, sans pour autant qu'on puisse la rejeter entièrement.

Le menuet apparut officiellement à la cour de Louis XIV, avec Lully, qui l'introduisit dans Cadmus et Hermione (1673), puis à partir d'Atys (1676) dans tous ses opéras. Il s'intégra aussi dans le genre de la suite, et, de France, se répandit dans toute l'Europe, prenant en Italie une allure plus rapide.

On a trop coutume d'associer l'Ancien Régime au menuet, alors que celui-ci n'en fut que la dernière danse caractéristique, celle qui se maintint le plus longtemps. Comme danse de société, le menuet conserva un rôle de premier plan durant tout le xviiie siècle. Ce fut également la seule danse du genre suite qui fut reprise par les genres nouveaux (quatuor, sonate, symphonie) illustrés dans la seconde moitié du même siècle par Haydn et Mozart. Le pas du menuet, danse aristocratique, comprenait en 2 mesures à 3 temps 4 mouvements de pied : souvent sur la première, la troisième, la quatrième et la cinquième des 6 pulsations ainsi définies :

parfois sur la première, la troisième, la quatrième et la sixième :

ou encore sur la première, la deuxième, la quatrième et la sixième (menuet du Bourgeois gentilhomme de Lully) :

D'où, sur le plan rythmique, une sorte de « 3 contre 2 », n'ayant rien à voir avec la banalité de tant de sous-produits des xixe et xxe siècles (une exception de taille est le remarquable menuet d'Orphée aux enfers d'Offenbach). À noter qu'au congrès de Vienne (1814-15), il ne se trouvait, paraît-il, aucun maître à danser capable de se rappeler et d'enseigner le menuet, danse bien vivante un quart de siècle auparavant. Rien n'illustre mieux les bouleversements qui allèrent de pair avec la Révolution française.

Le menuet était, en principe, en 2 parties, dont chacune répétée (A-A-B-B). En principe aussi, il était suivi d'un double (plus tard appelé trio) adoptant la même coupe (C-C-D-D), puis d'une reprise du menuet proprement dit, chaque partie n'étant alors jouée qu'une fois (A-B), ce qui donnait globalement A-A-B-B-C-C-D-D-A-B. Cette structure globale est à peu près « de règle » dans les symphonies, quatuors ou sonates de Haydn et Mozart. Dans les suites baroques (Bach), le menuet se trouvait en général vers la fin, parmi les « galanteries ». Dans les œuvres de Mozart et de ses contemporains relevant de l'esprit du divertissement, on en trouve d'ordinaire plusieurs (2 ou même 3). Dans les symphonies ou quatuors de la seconde moitié du xviiie siècle, où il ne s'imposa pas sans résistance, et jamais complètement (la symphonie Prague de Mozart n'a, par exemple, pas de menuet), il tient lieu en général de troisième mouvement (vif-lent-menuet-vif), parfois, comme dans la symphonie Funèbre de Haydn ou dans la plupart de ses quatuors op. 9, 17 et 20, de deuxième mouvement (vif-menuet-lent-vif). Le type menuet de cour assez lent subsista jusque dans les dernières œuvres de Haydn et de Mozart, et même chez Beethoven, mais on assista parallèlement chez eux à un allongement et à une accélération du menuet, ainsi qu'à sa pénétration d'une part par l'esprit symphonique, ce qui par-delà la préservation du schéma de base A-A-B-B-C-C-D-D-A-B défini plus haut rendit sa structure interne beaucoup plus complexe, d'autre part par l'esprit populaire (phénomène en réalité plus ancien). Outre ceux de leurs symphonies ou de leurs quatuors, Haydn et Mozart écrivirent des menuets expressément destinés à être dansés : les 2 catégories ne sont pas toujours interchangeables. Au moment où Mozart, dans le finale du premier acte de Don Giovanni (1787), faisait briller le menuet en tant que danse aristocratique d'une ultime splendeur, lui-même et surtout Haydn écrivaient des pages intitulées menuet, mais qui n'en avaient que le nom, la structure et la mesure à 3 temps, et pratiquement rien d'autre. Le « menuet » du quatuor op. 71 no 1 (1793) de Haydn est une robuste danse paysanne, celui en mineur tiré de ses 24 menuets à danser Hob. IX.16 a des accents de carmagnole, celui de son quatuor op. 76 no 1 (1797) est un scherzo beethovénien avant la lettre. Le scherzo tel qu'il devait être développé par Beethoven fut l'aboutissement naturel de l'accélération et de la « popularisation » du menuet. À cet aboutissement correspondit une rupture illustrée par un fait significatif : la disparition du menuet rapide. Chez Beethoven et ses successeurs, les pages intitulées menuet (troisième mouvement du Septuor op. 20 de Beethoven) relèvent toutes du type lent, au point que, parfois (Sonate op. 31 no 3 de Beethoven), elles vont jusqu'à tenir lieu de mouvement lent.