lydien

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Terme relatif à une peuplade barbare vivant à l'est du monde grec, en Asie Mineure, et ayant donné son nom dans la musique grecque à une harmonie ou échelle, puis à un ton.

À partir du ixe siècle, ce nom fut attribué au 5e mode de la musique grégorienne, et, à partir du xvie siècle, selon les écoles, au mode de fa, de mi ou de do de la musique modale harmonique.

Pour Platon, l'harmonie lydienne (dite aussi lydisti) emprunte l'échelle d'une octave enharmonique à partir du 2e degré en montant (1/4 de ton au-dessus du mi) ; elle est rejetée de la République pour son ethos relâché et propre aux buveurs. Dans le système des « tons de transposition » de cette même musique grecque (→ DORIEN), le ton lydien est situé 2 tons plus haut que le dorien, ce qui conduit à accorder l'octave moyenne de la lyre deux tons plus bas. Le dorien prenant pour accord de cette octave les intervalles de l'octave de mi, le lydien accordera son octave moyenne selon les intervalles de l'octave de do, ce qui a amené l'école de Westphal-Gevaert à considérer à tort le lydien comme un « mode de do ». Au ixe siècle, la confusion opérée par l'Alia musica, entre tons grecs et modes grégoriens, fit considérer le lydien, 3e de la nomenclature topique de Boèce, comme l'authente du 3e ton couplé ou tritus, soit 5e ton de la nomenclature simple ; ce 5e ton ayant fa pour finale (avec ou sans triton selon les cas), on donna plus tard au mode de fa sans altération (donc avec triton obligé) le nom de lydien. C'est encore dans ce sens que l'emploie Beethoven dans son 15e Quatuor. Enfin Zarlino, dans sa « réforme » de 1573, assigna au lydien le rôle de mode de mi ; il fut suivi par Mersenne, Jean-Jacques Rousseau et quelques autres, mais son système ne fut guère généralisé.