lamentation
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».
1. Chant lyrique déplorant une mort, qu'il s'agisse d'un parent, d'un ami ou d'un haut personnage. Le genre est très ancien (thrénodie grecque antique, naenia romaine, etc.) et s'est conservé dans de nombreuses traditions populaires (mirologue grec moderne, vocero corse, etc.). On le retrouve sous forme écrite dans la lyrique carolingienne sous le nom de planctus, puis dans le drame liturgique et les chansons de trouveurs (planh provençal), qui y adjoignent aussi des lamentations amoureuses (plaintes d'amants délaissés) ou d'autres sur des événements douloureux (lamentation sur la perte de Constantinople). Aux xive et xve siècles, la mort de grands compositeurs (par exemple, Machaut, Dufay, Ockeghem) a été saluée par des lamentations écrites par leurs disciples. Le genre, relayé au xviie siècle par le tombeau, ne semble pas s'être prolongé au-delà.
2. Dans la liturgie catholique, terme réservé à la lecture chantée des plaintes (threni) du prophète Jérémie sur la décadence de Jérusalem, insérées comme leçons de matines en neuf lectures échelonnées du jeudi au samedi saint. On les appelle aussi leçons de ténèbres.
Les lamentations se chantent sur un timbre de lecture particulier (6e ton), avec des formules spéciales d'intonation et de conclusion. Sauf pour le dernier chapitre, les versets sont numérotés par une lettre de l'alphabet hébreu, qui formait acrostiche dans l'original et qui est également chantée. Du xve au xviiie siècle, les lamentations ont été fréquemment mises en musique par les compositeurs, d'abord a cappella, puis avec orchestre ou orgue. Parmi les plus célèbres, on cite celles de Tallis, Lassus, Victoria, Palestrina, M. A. Charpentier, F. Couperin, Zelenka, Stravinski (Threni), etc.
3. → LAMENTO.